« Une taxe ne rendrait pas le système plus sûr »

Comment qualifiez-vous vos résultats, supérieurs aux attentes ?Je suis extrêmement satisfait, car ils sont exactement en ligne avec ce que l'on avait annoncé et ce que nous mettons en place. Ils font état de bonnes performances dans tous nos métiers, qu'il s'agisse de la banque de détail ou de la banque de financement et d'investissement. Pour cette dernière, nous avions donné la consigne de limiter la prise de risque et cela a été particulièrement visible. Ces résultats portent les premiers fruits des travaux engagés dans le cadre de notre plan stratégique Ambition SG 2015. Faites-vous référence à l'industrialisation des processus ?D'une part, nous constatons que les activités commerciales tournées vers le client se développent, avec une prise de risque extrêmement modérée. D'autre part, nous améliorons notre efficacité opérationnelle. Nous sommes engagés dans des chantiers de mutualisations, de partage de bonnes pratiques et de systèmes d'information qui vont délivrer progressivement leurs effets. Cela doit aboutir à faire baisser le coefficient d'exploitation. Il est passé de 76,9% il y a un an, à 60,8% début 2010. A l'avenir, dans un monde où les contraintes vont être plus fortes du fait de la croissance limitée, et où nous devrons offrir un service de meilleure qualité au moindre coût, je crois à l'industrialisation. Il faut que nous cassions les silos et que nous développions nos métiers comme une mêlée de rugby, très solide, soudée, partageant les clients et les systèmes d'information. Quelles perspectives avez-vous pour l'avenir ?Je suis plus optimiste depuis mars-avril. Les économies asiatiques sont en forme, les Etats-Unis sont dans une tendance positive même s'il faut être vigilant. Quant à l'Europe, on sent un frémissement au-delà des inquiétudes actuelles. Ce décalage dans le temps entre l'Europe et les Etats-Unis explique que les revenus des banques américaines ont été meilleurs au premier trimestre que ceux des banques européennes. Comment souhaitez-vous profiter de cette croissance qui est meilleure ailleurs ?Notre BFI construit son avenir. Nous investissons pour consolider notre présence dans la zone euro, mais nous voulons aussi nous renforcer dans les PECO, en Asie ou aux USA. Sur ce pays, il ne s'agit pas de concurrencer les banques américaines, mais d'avoir une franchise dollar suffisamment étoffée pour répondre aux besoins de nos clients. En revanche, en Chine, la réglementation locale, qui va en se durcissant, rend difficile le développement des activités de la part d'étrangers. Comment allez-vous vous adapter aux nouvelles exigences réglementaires ?La seule mesure qui soit certaine est le triplement des exigences en fonds propres pour les activités de marché au 1er janvier prochain, et nous l'avons à l'esprit. Pour le reste de la réforme, dite de Bâle 3, elle est en cours de discussion . Mais on peut dire que les propositions initiales sont excessives et auraient un impact sur le financement de la croissance.Pensez-vous qu'une taxe bancaire aurait un effet de réassurance du système et permettrait aux Etats de limiter leurs déficits budgétaires ?Considérer qu'une taxe permettrait de rendre le système plus sûr est une erreur. Une taxe est une autre façon de renforcer les exigences en fonds propres et donc cela pèse sur la capacité de financement. La vraie question est celle de la croissance que l'on souhaite pour le futur. Elle dépendra en partie des revenus générés par les entreprises européennes , et donc, en amont, par le crédit bancaire. En outre, personne ne peut raisonnablement penser qu'une taxe règlerait la question des dettes publiques. Pour renforcer le système économique et financier, il faut observer son architecture générale qui va de l'origination du prêt jusqu'à la supervision du régulateur et regarder à chaque niveau comment faire mieux. Comment expliquez-vous la réaction des marchés à l'égard des dettes souveraines ?Le marché surréagit. La Grèce est un petit pays à l'échelle de l'Europe. Je ne crains pas un phénomène de contagion car aucun pays européen n'est comparable. Il faut que les gens reprennent leur sang froid. Par ailleurs, je ne crois pas à un phénomène de spéculation. La taille des hedge funds ne leur permet pas d'avoir une influence sur les marchés aussi profonds et liquides que ceux de la dette souveraine.Le procès de Jérôme Kerviel débute le 8 juin. Comment abordez-vous cette étape ?Ce sera l'occasion pour nous de définitivement tourner la page. J'estime que pour que le système financier de demain soit plus solide, il faut que les fraudeurs soient punis. Il ne faut pas d'impunité. Il faut mettre l'accent sur la responsabilité individuelle et ne pas la confondre avec l'amélioration du système lui-même. Sur ce sujet, nous avons fait beaucoup d'efforts pour renforcer le contrôle et une fraude de l'ampleur de celle de janvier 2008 ne serait plus possible aujourd'hui. n Le marché surréagit. La Grèce est un petit pays à l'échelle de l'Europe. Je ne crains pas un phénomène de contagion. »
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