L'euro plie, mais ne devrait pas rompre

Le seuil de 1,30 dollar pour 1 euro a fini par céder mercredi, la monnaie unique tombant à un niveau que l'on n'avait pas revisité depuis mars 2009. Dans la foulée, celui de 1,29 a été enfoncé sous les coups de boutoir d'une spéculation déchaînée par les craintes de contamination de la crise grecque aux pays du Sud fragilisés par leurs dettes et leurs déficits, avec les menaces que cela comporte pour la stabilité de l'Union économique et monétaire. L'euro a chuté jusqu'à 1,2805 dollar. Alors que son reflux avait été « ordonn頻 - maître mot des banquiers centraux?- depuis la mi-avril, le faisant dériver de 1,35 à 1,31 dollar, les pressions baissières se sont fortement accentuées depuis l'annonce du plan de sauvetage de l'Union européenne et du FMI le week-end dernier. En trois jours, l'euro, après un modeste sursaut lundi, a cédé 4 % de sa valeur, ce qui porte sa dévalorisation cumulée depuis son point haut de 2009, atteint fin novembre dernier, à 18 %.En dépit de l'inquiétant amoncellement des positions vendeuses d'euros par les fonds d'arbitrage sur les marchés à terme, qui atteignent des records absolus, la plupart des stratèges change des grandes banques gardent la tête froide. Selon l'enquête menée par l'agence Reuters auprès de 58 économistes entre le 29 avril et le 5 mai, la prévision médiane fait ressortir l'euro à 1,28 dollar à l'horizon d'un an. Un pronostic qui ne reflète pas de crainte d'effondrement pur et simple de l'euro, même si les plus pessimistes le voient tomber à 1,20. Car, constatent les économistes, le dollar a (presque) autant de raisons de baisser que l'euro.Aux Cassandre, qui posent la question de la survie de l'euro, si la maladie grecque se propageait aux États les plus fragiles de la zone euro, un retour sur image montre qu'il est trop tôt pour sonner le tocsin. Certes, la monnaie unique est sérieusement fragilisée face au dollar, mais son taux de change effectif réel face aux monnaies des partenaires commerciaux de la zone euro n'a cédé que 10 % depuis fin novembre. Certes, l'euro semblait perdre pied hier, mais il reste encore loin du point bas touché au plus fort de la crise financière, en décembre 2008, à 1,24 dollar. La monnaie unique reste également à bonne distance de son cours de lancement, en janvier 1999 qui, à 1,18 dollar, avait été applaudi comme un niveau optimal, du moins pour l'époque. A fortiori, un fossé sépare encore l'euro de son record historique de faiblesse. Souvenons-nous?: après être pour la première fois tombé sous la parité face au billet vert au début de l'an 2000, l'euro va connaître une descente aux enfers qui l'entraînera en octobre de la même année et en dépit des interventions répétées de la BCE sur le marché des changes, jusqu'à un plancher absolu de 0,8230. Il ne retrouvera le niveau de 1 pour 1 qu'à l'été 2002.La Banque centrale européenne pourrait donc relativiser la situation, par la voix de son président Jean-Claude Trichet, à l'issue de son conseil ce jeudi. Isabelle Croizard

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