Un réseau pour importer l'électricité solaire du Maghreb

Sur le papier, l'idée est séduisante. Surtout servie par le lyrisme de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie. « Transgreen est un élément de solidarité économique majeur entre l'Europe, qui peine à trouver des relais de croissance de grande envergure, et l'Afrique dont il accompagnera le décollage. » Concrètement, il s'agit de construire des lignes sous-marines à très haute tension sous la Méditerranée pour importer en Europe l'électricité solaire qui serait produite sur la rive la plus ensoleillée de la Grande Bleue. Le principe, selon le ministre?: le Vieux Continent, qui subventionne l'énergie renouvelable sur son territoire par des tarifs élevés de rachat de cette électricité, permettrait ainsi « d'amortir l'accès à l'énergie de la zone sud Méditerranée ».En clair, l'Europe cofinancerait ainsi de nouvelles centrales au Maghreb et sur le pourtour méditerranéen. Ce serait en outre un moyen pour les pays membres de respecter leurs engagements de consommer 20 % d'énergies renouvelables en 2020. « Le rendement très supérieur du solaire dans les pays du Sud devrait compenser les coûts de transport trans-Méditerranée », expliquait récemment à « La Tribune » André Merlin, président pressenti de Transgreen et président du conseil de surveillance du Réseau français de transport d'électricité (RTE).Rentabilité à trouverCette rentabilité, qui reste à démontrer, sera le facteur clé du développement du Plan solaire méditerranéen (PSM). Pour l'heure, ses promoteurs visent l'exportation vers l'Europe d'un quart des 20.000 MW prévus par le PSM, soit 5.000 MW à horizon 2020, sans exclure des échanges, plus classiques, du Nord vers le Sud, par exemple l'été pour faire face aux besoins liés à la climatisation dans certains pays.« À cette échéance, notre objectif est de voir la construction de 5 à 6 interconnexions sous-marines, d'un budget d'environ 1 milliard d'euros par liaison », déclare André Merlin. Un marché potentiel non négligeable pour les industriels que le gouvernement a sollicités pour participer au tour de table de Transgreen en leur faisant miroiter qu'ils auraient une longueur d'avance par rapport à leurs concurrents pour décrocher, le jour venu, les contrats.La maîtrise de cette technologie des lignes à courant continu de très haute tension, en cours de développement, leur permettra en outre de se positionner sur les très prometteurs marchés des éoliennes offshore et des grands territoires à équiper comme la Chine ou l'Inde.Reste un autre préalable, et pas des moindres?: la mise en place d'un cadre institutionnel adapté. C'est un autre des objectifs du consortium Transgreen, à côté de l'élaboration des schémas directeurs. « Il faudra adapter la réglementation, notamment européenne, pour faire de ces propositions des projets rentables », n'a pas caché Jean-Louis Borloo.
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