Total réfléchit à une éventuelle cession de ses gazoducs

Le porte-parole du groupe Total a confirmé ce vendredi après-midi qu’ \"une réflexion est en cours sur les différentes options stratégiques pour l’avenir de TIGF\" , sa filiale spécialisée dans le transport et le stockage de gaz naturel. Pourtant, le 27 juillet dernier, le géant pétrolier Total avait nié la mise en vente de cette filiale.Olivier Robinet, secrétaire général de la filiale, avait déjà expliqué un peu plus tôt à l’AFP : « une réflexion est lancée. Le champ des possibles est très large. Cette étude peut à terme prendre position sur une cession ou non ». Il a précisé que cette réflexion est motivée par l’évolution des normes européennes, en particulier la Directive concernant le marché du gaz. Cette dernière veut renforcer l’indépendance des gestionnaires de réseaux gaziers face aux producteurs. Cela obligerait Total, le producteur, à se séparer de sa filiale.Total Infrastructures Gaz France gère le réseau gazier du sud-ouest de la France. Il réalise un chiffre d’affaires annuel de près de 353 millions d’euros et emploie directement plus de 460 salariés. Le TIGF exploite  13% du réseau français de gazoducs, 15% du transit gazier national et 22% des capacités françaises de stockage de gaz.GDF Suez sur les rangs? GDF-Suez gère déjà, via sa filiale GRTgaz, les réseaux de transport et de stockage de gaz naturel dans tout le reste de la France. Certains l’imaginent reprendre la filiale de Total. Pour Gérard Mestrallet, PDG de GDF-Suez  : « c’est prématuré, nous n’avons pris aucune décision à ce stade. »Pour l’heure, c’est surtout l’opposition au projet qui se fait entendre. Grève du personnelLe lancement de cette réflexion autour de la cession a été annoncé jeudi à Pau aux salariés lors d’un comité d’entreprise exceptionnel.Ce vendredi matin une grève du personnel de TIGF lancée à l’appel de l’Intersyndical a eu lieu. Selon Serge Marcadier, délégué CGT de l\'entreprise, elle a été suivie à 90% par le personnel. Objectif de cette grève ? Obtenir des explications sur ce projet de vente et donner un « avertissement » à la direction. Le délégué CGT déplore « le fait d’avoir eu des nouvelles sur cette éventuelle cession qu’à travers la presse. » Les salariés grévistes se sont rassemblés devant le siège de l\'entreprise à Pau, en présence d\'élus locaux qui ont pris la parole aux côtés des salariés.Serge Marcadier a insisté : « Nous voulons que TIGF reste dans le giron de Total ». Il estime qu\'en cas de cession « nous ne serions plus adossés à un groupe pétrolier » et qu\'une vente « à des capitaux privés aurait un impact sur la politique énergétique nationale. »Une délégation de représentants syndicaux doit être reçue lundi après-midi par le préfet des Pyrénées-Atlantiques.Par ailleurs, des élus des Pyrénées-Atlantiques ont saisi le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg à ce sujet.Recomposition du secteur en EuropeLa réflexion de Total intervient alors que les réseaux gaziers sont plongés depuis plusieurs années dans un vaste mouvement de recomposition en Europe, leurs propriétaires traditionnels étant de plus en plus tentés de s\'en défaire. Cela pour des raisons financières (les investissements sont colossaux) soit pour des des raisons réglementaires lorsque le régulateur veut séparer les gestionnaires de réseaux d\'infrastructures et les fournisseurs d\'énergie. En 2010, en France, un consortium conduit par la Caisse des dépôts et CNP, a acquis 25% de GRTgaz, la filiale de transport de gaz naturel de GDF Suez, pour 1,1 milliard d\'euros. En Italie,  ENI a annoncé en mai la vente de 30% moins une action de sa filiale de transport gazier Snam à la Caisse des dépôts et prêts italienne, pour environ 3,5 milliards d\'euros. Fin 2010 en Allemagne, RWE a vendu son réseau gazier Thyssengas à la banque australienne Macquarie, pour environ un demi-milliard d\'euros. En mai dernier, son compatriote EON a, lui aussi, annoncé la vente de son réseau de gaz allemand (Open Grid Europe, OGE) à un consortium mené également par Macquarie et cofinancé par Abou Dhabi, pour 3,2 milliards d\'euros. En 2010, ENI a vendu au gestionnaire de réseau belge Fluxys ses participations dans les réseaux de gazoducs allemand TENP et suisse Transitgas. Montant de l\'addition : 850 millions d\'euros. 
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