Les banques devront renforcer leur capital, bon gré mal gré

L'heure n'est décidément pas aux faux-fuyants pour les banquiers, promis à un serrage de vis réglementaire au sortir de la pire crise financière depuis les années 1930. En témoignent les cinglantes mises au point des politiques et des régulateurs après les objections avancées par le patron de Deutsche Bank, samedi à Istanbul. Parlant en qualité de patron de l'Institut de la finance internationale (IIF), qui représente 375 établissements, Josef Ackermann avait jugé « très réel » le risque que les réformes en préparation, qui prévoient de durcir les exigences de capital du dispositif prudentiel de Bâle II, « minent la reprise mondiale et la création d'emplois » en pesant sur la disponibilité et sur le coût du crédit. « Le manque de régulation [est] un problème beaucoup plus sérieux que l'excès », a riposté Christine Lagarde, épaulée par le président du Conseil de stabilité financière, Mario Draghi, pour qui les craintes des banquiers sont « franchement prématurées ». « Nous refusons l'approche qui consisterait à différer les réformes afin de préserver des pratiques de marché qui ont contribué à aggraver la crise », a surenchéri le secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner. En clair, les banques devront, bon gré mal gré, respecter le calendrier établi lors du G20 de Pittsburgh, qui prévoit de définir de nouvelles règles sur la qualité et le montant des fonds propres l'an prochain, pour les appliquer d'ici fin 2012.un « Core Tier One » à 8 % Reste à savoir combien de capital les banques devront lever. Pour JP Morgan, le futur standard de marché devrait s'établir à 8 % pour le ratio de fonds propres durs (Core Tier One), en excluant les titres de capital hybride souscrits par les gouvernements. C'est d'ailleurs le niveau atteint par l'italienne UniCredito et la norvégienne DnB Nor, à l'issue de leurs augmentations de capital. D'après JP Morgan, certaines banques dépasseront ce standard de 8 % fin 2011 sans augmentation de capital, à l'image de HSBC, qui présente un « excès de capital » de 27 milliards d'euros. Même constat pour Goldman Sachs (18 milliards), Morgan Stanley (11 milliards), UBS (9 milliards) ou encore Santander (5 milliards). Mais beaucoup de banques européennes devront solliciter les marchés de capitaux, à commencer par Commerzbank, à qui il manquerait 11,5 milliards (voir infographie). Également sous-capitalisée, Société Généralecute; Générale devrait quant à elle lever 4,3 milliards d'euros, soit le montant de l'augmentation de capital annoncée la semaine dernière par BNP Paribas. Au total, JP Morgan estime les besoins des banques européennes à 54 milliards d'euros, dont 26 milliards pour rembourser les aides publiques. Sans compter RBS et Lloyds, qui auraient respectivement besoin, en excluant la garantie publique de leurs actifs toxiques, de 31 et 14,5 milliards.
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