Un ratio peut en cacher un autre

Un ratio de fonds propres consiste à comparer les fonds propres aux actifs. Mais quels fonds propres et quels actifs ? Au début, quand le ratio de Bâle a été inventé, on prenait les fonds propres au sens le plus large, en ajoutant les obligations subordonnées de toutes sortes. Puis, il y a quelques années, l'attention des analystes s'est portée sur la partie la plus solide des fonds propres (le « Tier One »), qui ne comprend que le capital, les réserves et les obligations super subordonnées. Récemment, la plupart des analystes, le comité de Bâle lui-même, puis les autorités politiques rassemblées au G20, ont insisté sur la « qualit頻 des fonds propres des banques, ce qui veut dire que seuls comptent le capital et les réserves (le « Core Tier One »). Du côté des actifs, on remarque la même tendance au durcissement. Au début, dans le calcul du ratio, les actifs n'étaient pas tous comptés à 100 %. Certains étaient comptés à 50 % (les prêts hypothécaires par exemple), certains à 20 % (les prêts aux collectivités locales), certains même à zéro (les prêts aux États). Or, la nouvelle tendance est de prendre les actifs entiers, sans les pondérer. On en arrive à un ratio simple de capitaux propres rapportés au total du bilan de la banque, dit « ratio de levier ». C'est précisément ce que le G20 a récemment recommandé. Prenons par exemple les chiffres d'une grande banque française (BNP Paribas). Les fonds propres « Tier One » sont de 42 milliards d'euros, les fonds propres larges de 59 milliards, que l'on compare à des actifs pondérés de 530 milliards, soit un ratio « Tier One » de 8 % et un ratio global de 11 %. Mais si on ne prend que le capital et les réserves (avec les précautions usuelles : ne pas compter les survaleurs, etc.), il n'y a pas plus de 30 milliards de capitaux. Si on prend les actifs sans les pondérer, le total du bilan s'élève à plus de 2.000 milliards. Le « ratio de levier » ne dépasse pas 1,5 %, ce qui est évidemment moins flatteur. Les banques européennes ne pourront éviter des augmentations massives de capital. nPar Maurice de Boisséson (Octo Finances).
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