La grande distribution s'incline devant Hervé Novelli

La scène était des plus cocaces. Mardi matin, au ministère des Finances, le secrétaire d'État au Commerce Hervé Novelli a fait signer les représentants des principales enseignes de distribution des « engagements » pour assurer un « meilleur équilibre des relations commerciales » avec leurs fournisseurs. Parmi eux, outre le président de la Fédération des entreprises de commerce et de distribution (FCD), Jérôme Bédier, figuraient le président de Système U, Serge Papin, le directeur des relations extérieures de Casino, Claude Risac, le patron d'Intermarché, Philippe Manzoni, et le chargé des relations institutionnelles d'Auchan, Franck Geretzhuber. Leclerc n'a pas signé. Or, voilà un an, toutes ces enseignes - neuf au total, avec Darty et Castorama - ont été assignées par Hervé Novelli pour pratiques présumées abusives envers leurs fournisseurs. « C'est la raison pour laquelle j'ai refusé de signer. Quand on vous tire une balle dans le pied, vous ne tendez pas l'autre un an après. Tout cela n'est qu'agitation », indique à « La Tribune » le président du groupement des centres E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc. « C'est un jeu de dupes », juge aussi l'Association nationale de l'industrie agroalimentaire (Ania) convaincue que cette initiative a pour objectif d'éviter aux distributeurs de nouvelles poursuites judiciaires. Bercy aurait ainsi monnayé un engagement médiatique des enseignes contre la garantie que la loi de modernisation de l'économie (LME) qui, depuis 2008, régit leurs relations avec les fabricants, ne revienne devant le Parlement.La LME a tout changéAprès une négociation express, en pleine flambée des matières premières et à la veille du remaniement ministériel, Hervé Novelli a obtenu des enseignes qu'elles adoptent de bonnes pratiques dans la logistique, les pénalités et les marges garanties que la loi interdit. « Elles s'engagent à respecter la loi », persifle Michel-Edouard Leclerc. Au passage, le secrétaire d'État grille la politesse à Catherine Vautrin, députée UMP de la Marne, présidente de la Commission d'examen des pratiques commerciales, qui précisément s'échine à redresser les travers de la LME. « Toutes ces initiatives sont totalement complémentaires », assure-t-elle sur son blog. Car la LME a tout changé. « Par exemple, la réduction des délais de paiement à 60 jours a réduit la trésorerie des enseignes. Depuis, elles cherchent à réduire leurs coûts de stock, en exigeant des fournisseurs d'entreposer leur marchandise chez un prestataire », raconte Rachel Blumel, juriste de l'Ania. Cette méthode permet au distributeur de charger ses fournisseurs des coûts de stocks et de ne payer qu'à la livraison, dans l'hyper... L'État espère désormais que les enseignes préviennent leurs fournisseurs dans un délai de trois mois de toute nouvelle modalité logistique. « Leur engagement est très faible. Et ce délai est très insuffisant », déplore Rachel Blumel.
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