L'Ukraine se veut à égale distance de Moscou et de Bruxelles

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, qui sera en visite officielle à Paris les 7 et 8 octobre, continue de ménager la chèvre et le choux. Après avoir annoncé lundi, avec le président russe Dmitri Medvedev, la construction d'un pont entre la péninsule ukrainienne de Crimée et le sud de la Russie par le détroit de Kertch, Viktor Ianoukovitch s'efforcera jeudi et vendredi de convaincre que l'Ukraine reste attaché à un rapporchement avec l'Union européenne. Viktor Ianoukovitch, accusé par l'opposition de dérive autoritaire, a sensiblement renforcé l'étendue de son pouvoir. La cour constitutionnelle lui a en effet offert vendredi dernier la haute main sur le système politique. Interpellé vendredi dernier lors d'une conférence internationale intitulée YES (Yalta European Strategy), Viktor Ianoukovitch a balayé les critiques d'un revers de la main agacé, affirmant qu'il s'agit « d'une des réformes nécessaires pour rétablir la stabilité politique et l'économie du pays ». « Les pressions économiques ont déjà commencé sur les chaînes de télévision pour qu'elles cessent d'inviter l'opposition », déplore un ambassadeur européen invité à la conférence. Les milieux d'affaires se réjouissent de la stabilité politique depuis l'élection en février de Viktor Ianoukovitch, ainsi que l'adoption d'un code fiscal plus libéral. « En période de réforme, je suis favorable à un régime présidentiel fort », soutient Viktor Pintchouk, troisième fortune du pays et initiateur de la conférence de Yalta. intégration simultanéeTous comme ses pairs milliardaires ukrainiens, ce magnat de l'acier prône un rapprochement avec l'Union européenne sans pour autant s'éloigner de Moscou. Logique, puisque 50 % des exportations de son groupe sidérurgique Interpipe vont au grand frère russe. Les économies des deux pays restent imbriquées et Moscou possède un très fort levier sur son voisin à travers les livraisons de gaz. Mais l'exécutif comme les milieux d'affaires sont convaincus que l'Ukraine ne doit pas choisir entre l'Europe et la Russie mais s'intégrer simultanément aux deux. « Ce qui compte, c'est que nous menions les réformes nécessaires jusqu'au bout. Si nous réussissons, Européens comme Russes nous dérouleront le tapis rouge », croit Viktor Pintchouk. Résumant l'esprit de la conférence de Yalta, un participant s'amusait de voir un consensus chez les hommes politiques autour du modèle de développement européen. « Ils ont surtout compris qu'ils devaient le faire de la manière la plus discrète possible pour que la Russie ne le remarque pas. »
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