L'Europe presse Pékin de réévaluer le yuan

Une guerre monétaire serait destructive de croissance, comme n'importe quelle autre forme de protectionnisme commercial », a déclaré mardi Jean-Claude Juncker à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao. A l'approche de la réunion du G20 à Séoul (Corée du Sud), les Européens ont pris le parti d'enfoncer le clou du dumping monétaire chinois. Le yuan est « totalement sous-évalué », ce qui n'est « pas une bonne situation » pour l'Europe, avait déjà déclaré lundi soir le président de l'Eurogroupe. Sur ce point, la position européenne est unanime. « Tout le monde fait passer le même message aux Chinois », assure un diplomate. En résumé : tenez les engagements de la décision, annoncée le 19 juin, de donner « plus de flexibilité » au yuan. Cette décision « fait partie de la contribution de la Chine à une croissance globale durable », a expliqué le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet. Or son « potentiel n'a pas été suffisamment exploité », selon Jean-Claude Juncker qui plaide à l'unisson avec la BCE et la Commission pour « une réévaluation générale et significative » de la devise chinoise.L'annonce historique de Pékin n'avait pourtant pas empêché la chute du yuan de s'accélérer, après une pause en août. Fin septembre, il avait perdu 11 % de sa valeur contre l'euro par rapport au 1er juin, retrouvant son niveau d'avril. Cette dépréciation est à double tranchant. Elle pénalise les exportateurs, notamment allemands qui réalisent plus de 60 % des ventes européennes vers l'ex-empire du Milieu, mais elle soulage également la balance commerciale européenne en abaissant le coût des importations. Le déficit commercial entre l'UE et la Chine atteignait 133 milliards d'euros en 2009.« Nouvel ordre monétaire »« Les Chinois pourraient être prêts à une discussion pour éviter les variations erratiques de taux de change », assurait lundi un diplomate en marge du sommet UE-ASEM. Wen Jiabao venait d'évoquer le besoin de « taux de change relativement stables entre les principales monnaies de réserve ». On n'est pas si loin du langage de Nicolas Sarkozy dont le « nouvel ordre monétaire » qu'il entend soutenir lors de la présidence française du G20 consiste à « éviter l'excessive volatilité des monnaies ».Cette stratégie n'épuise pas pour autant les demandes européennes en faveur d'un meilleur accès au marché chinois et d'un respect plus strict des droits de propriété intellectuels.
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