Woody Allen sort sa boule de cristal

Dès les premières images de Londres en été et l'introduction des personnages par une voix off enjouée, le décor est planté : il s'agit bien du nouveau film de Woody Allen. Josh Brolin et Naomi Watts, Roy et Sally à l'écran, y campent deux trentenaires vivant confortablement grâce à la pension versée par Helena, la mère de Sally (Gemma Jones). Mais celle-ci ne se remet pas du départ de son mari, Alfie, qui, terrifié à l'idée de vieillir, a mis un terme à quarante ans de vie conjugale, et envisage d'épouser une « escort-girl », de trente ans sa cadette. Pour calmer ses angoisses, et retrouver goût à la vie, Helena se tourne vers une voyante, Cristal, dont les prédictions la concernant, elle et son entourage, sont très précises.Pour ne pas vexer sa mère, Sally feint de prêter caution aux affirmations de Cristal, malgré les railleries de son compagnon. Lui-même, fort du succès de son premier roman, est persuadé d'être à l'aube d'une carrière d'écrivain. Mais la reconnaissance tarde à venir. Alors qu'il peine à sa table de travail, il aperçoit par la fenêtre sa charmante voisine (Freida Pinto). Sally de son côté devient l'assistante du directeur d'une galerie d'art très en vue (Antonio Banderas). Le réalisateur met en scène toute cette galerie de personnages dans des situations loufoques dignes du théâtre de boulevard. Le film est une suite de tableaux, de saynètes, servi par la prestation de comédiens exceptionnels. Le personnage d'Alfie, obsédé par sa quête du jeunisme, se ridiculise. Anthony Hopkins adopte pour ce rôle des manières de petit « pépé » et c'est hilarant. Naomi Watts joue une femme bipolaire qui, sous des apparences très lisses, menace d'exploser à tout moment. Tandis que Gemma Jones incarne parfaitement la dame âgée, flegmatique, qui perd progressivement pied. Cependant, en filigrane de la comédie sentimentale réjouissante, se dessine une critique acerbe de la société. Un tableau de moeurs peu reluisant, où l'argent achète tout?: les femmes, les psys, l'art. Et sitôt qu'il vient à manquer, une fille insulte sa mère, un écrivain sans âme vole un manuscrit et le couple ne montre aucun scrupule à aller voir ailleurs. Au final, la plus sereine est celle qui se réfugie dans des idées absurdes. Une formule chère à Woody Allen. S'il n'hésite pas, par endroits, à se répéter, il signe néanmoins une fois de plus quelques répliques facétieuses quoiqu'un brin ronflantes.
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