Les grandes entreprises s'intéressent de plus en plus au décollage économique de l'Afrique

L'Afrique nouvel eldorado ? Pas un jour ou presque sans qu'un grand groupe européen, américain, chinois ou brésilien n'annonce un investissement visant à profiter du décollage du continent. Entre urbanisation rapide, boom démographique et flambée des cours des matières premières, le continent affiche depuis le tournant du siècle des rythmes de croissance spectaculaires. Et de nombreux experts estiment qu'il s'agit d'un phénomène durable. Le groupe cimentier Lafarge, qui réalise déjà deux tiers de son activité dans les pays émergents, mise lourdement sur le continent. « L'Afrique subsaharienne ne représente que 2 % de la consommation mondiale de ciment, mais 15 à 20 % de nos investissements au cours des cinq prochaines années », expliquait récemment Jacques Sarrazin, directeur de la stratégie du groupe.Un potentiel considérable Pourquoi un tel engouement ? « Le secteur de la construction affiche des taux de croissance compris entre 8 % et 10 % l'an, des chiffres comparables à l'Indonésie ou la Chine », indiquait Jacques Sarrazin lors d'une conférence organisée par Proparco, la filiale privée de l'Agence française de développement (AFD). Le potentiel est considérable. Les dépenses de construction en Afrique représentent entre 3 % et 5 % du PIB contre 20 % en Inde ou en Chine. Le boom démographique du continent ? qui pourrait compter 1,8 milliard d'habitants en 2050 contre 1 milliard aujourd'hui ? s'accompagne d'une urbanisation rapide. « 30 % à 40 % de la population vit aujourd'hui en ville contre 60 % à 70 % en Amérique latine. » Avec l'urbanisation, l'émergence d'une classe moyenne est aujourd'hui une réalité. Elle devrait atteindre 250 millions de personnes en 2040. Walmart n'entend pas passer à côté de ces nouveaux consommateurs. Le géant américain s'apprête à débourser 2,4 milliards de dollars pour prendre 51 % de Massmart, numéro trois sud-africain de la distribution. Diageo, par exemple, vend déjà davantage de Guiness au Nigeria qu'en Irlande. Les infrastructures demeurent le point faible du continent. « La solution ne viendra pas des finances publiques », estime Thierry Tanoh, vice-président pour l'Afrique de la Société financière internationale (SFI), le bras privé du FMI. Basé à Abu Dhabi, le consortium Baobab Investment, soutenu par la SFI, entend investir plusieurs milliards de dollars dans les infrastructures pour faciliter l'exploitation des ressources naturelles du continent. L'ancien directeur de Proparco, Luc Rigouzzo, qui a rejoint le cabinet du ministre de la Coopération Henri de Raincourt, en est persuadé : « Il va arriver à l'Afrique ce qui arrive à la Chine depuis trente ans. » Xavier Harel
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