Photovoltaïque : la colère monte chez les industriels

La décision du gouvernement de geler pour une période de trois mois tout nouveau projet photovoltaïque, annoncée jeudi par la ministre de l'Environnement Nathalie Kosciusko-Morizet, suscite une vive bronca des professionnels. Pourtant, à la veille de cette annonce de moratoire, ces derniers reconnaissaient le bien-fondé d'une meilleure régulation de la filière, dont l'activité a explosé ces deux dernières années au point de créer une « bulle », qui pèse lourd dans les aides publiques. Aujourd'hui, les cris de protestations l'emportent. « Nos adhérents pensent qu'il est scélérat » de vouloir « une fois de plus changer la donne », a lâché vendredi Arnaud Mine, président de Soler, la branche photovoltaïque du syndicat des énergies renouvelables (SER). Le même jour, une vingtaine d'industriels, rassemblés au sein d'un groupement intitulé L'Industrie photovoltaïque française (IPF), protestait sur « l'absence de concertation avec les pouvoirs publics, qui a baissé deux fois les tarifs de rachat cette année de façon brutale et dangereuse pour la pérennité de la filière ». « Nos banquiers sont affolés », s'alarme le PDG de Sillia Energie, Bruno Cassin, membre du collectif. « Le moratoire ne va conduire qu'à casser la confiance tant avec nos investisseurs qu'avec nos clients », insiste le directeur général de Terreal Solaire, Nicolas Cohen-Solal.Effets perversPlus mesuré mais tout aussi convaincu, le président du SER a fait part de ses craintes sur les emplois, dans un secteur qui en aurait créé 25.000. André Antolini insiste par ailleurs sur la démesure que représente à ses yeux un gel d'un trimestre : « Allez demander à l'industrie automobile de cesser de travailler pendant trois mois ! », s'offusque-t-il. Deux logiques s'affrontent. Celle du gouvernement, conscient que les aides publiques à la filière ont en partie raté leur cible et ont plus profité aux panneaux photovoltaïques chinois ou allemands qu'à l'élaboration d'une industrie photovoltaïque française. « Je ne veux pas avoir à dire en 2012 à mes concitoyens que l'argent de la CSPE (contribution au service public de l'électricité, acquittée par tous les abonnés et notamment destinée au financement des énergies renouvelables) a permis de payer les ouvriers chinois », explique la ministre de l'Environnement. Elle entend donc réorienter sa politique afin d'en corriger les effets pervers.Prédominance asiatiqueEn face, toutes les entreprises du secteur, certaines très jeunes, qui, après deux années de développement faste, craignent de voir leurs investissements dégradés, voire réduits à néant, et leurs marchés se dégonfler au point, pour certains, de devoir mettre la clef sous la porte. La synthèse semble néanmoins réalisable aux yeux de quelques-uns. « Le constat du gouvernement est fondé, admet Bruno Cassin. Oui, il y a prédominance asiatique, mais in fine notre intérêt à tous est le même, nous avons besoin de sérénité. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.