« La pérennité de la zone euro dépend d'une harmonisation fiscale »

STRONG>Frédéric Buzaré Responsable de la gestion actions chez Dexia Asset ManagementQuel regard portez-vous sur les dernières turbulences traversées par les marchés financiers en Europe ?La baisse des indices s'explique par le fait que les marchés d'actions sont en train de corriger l'hyper-euphorie liée au QE2 (la deuxième phase d'assouplissement quantitatif). En outre, les banques, très exposées à la dette souveraine, reviennent à des niveaux de valorisation « pré-stress test ». C'est tout ! Parallèlement, l'union monétaire passe aujourd'hui à son tour son propre « stress test ». Les marchés accélèrent le cours de l'histoire en testant logiquement la solidité du système monétaire et la détermination des instances communautaires. Le problème, c'est que celles-ci répondent dans la panique la plus totale et la plus grande cacophonie. Cela n'a rien de rassurant. Or, il s'agit avant tout pour les instances européennes de rétablir la confiance. Ce qui passe par des mesures crédibles et efficaces.Que pensez-vous des scénarios évoqués jusqu'ici pour sortir la zone euro de la crise ?Le problème venant d'un excès d'endettement, il faut réduire le stock de dette. La restructuration de la dette serait une solution risquée car cela pourrait provoquer un véritable « tsunami » financier pour le secteur bancaire. Par ailleurs, quelle serait la situation de la BCE qui porte une grande part des emprunts d'Etat des pays dits « périphériques » ? L'hypothèse d'une sortie de certains pays de la zone euro n'est ni envisageable, ni réaliste. Cela se ferait à un coût prohibitif pour les intéressés qui devraient se financer tout seuls sur les marchés sans soutien des autres états membres. La BCE pourrait soulager les pays « périphériques » par un plan agressif de type QE2 européen, mais elle n'y semble pas disposée. Il n'y a, en vérité, pas de solution idéale pour contenter tout le monde. Quelles solutions « crédibles » peuvent être concrètement envisagées ?Il faut un équilibre entre la stabilité financière et la rigueur budgétaire. Cela passe par une harmonisation de la politique fiscale, une coordination monétaire et des changes. Le problème, c'est que la BCE a peut-être la main sur le levier monétaire mais elle ne l'a pas sur les changes. La question est de savoir quel mandat l'Union européenne doit signer pour la BCE ? Est-ce que la Banque centrale doit gérer l'inflation, l'équilibre économique ou les deux à la fois ? Par ailleurs, la politique fiscale est inexistante aujourd'hui en Europe. Alors même qu'il y a par ailleurs un déséquilibre criant entre l'Europe du Nord qui épargne trop et celle du Sud qui est trop endettée. La pérennité du système monétaire européen dépend d'un adossement à une politique fiscale harmonisée entre les pays de la zone euro.Peut-on raisonnablement envisager le scénario apocalyptique d'une fin prochaine de la zone euro ?Non. Je pense que les fondations de l'Union européenne vont sortir renforcées de cette crise. Tout simplement parce que le processus de construction de l'Europe d'aujourd'hui a été réalisé sur les cendres de deux guerres mondiales et il est difficile de croire que l'on décide du jour au lendemain que l'on revienne un siècle en arrière. Propos recueillis par Gaël Vaut
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