Le marché indien, tentant et difficile à la fois

Toyota, Volkswagen, General Motors, Honda et bien d'autres : tous les constructeurs automobiles de la planète ou presque sont à Auto Expo, le Salon de l'automobile de New Delhi qui se tient depuis mardi. S'ils se bousculent pour présenter au public indien des petites voitures (voir « La Tribune » du 29 décembre 2009), c'est pour une raison simple : « L'Inde est, avec la Chine, l'un des deux marchés encore en croissance », souligne Pascal Galli, responsable du secteur automobile chez Ubifrance, qui accompagne une délégation d'une quinzaine d'entreprises françaises.Alors qu'il devrait se vendre environ 1,4 million de véhicules cette année, « nous tablons sur un marché de 6 millions de voitures dans dix ans », confie Marc Nassif, le patron de Renault pour l'Inde. Bref, renchérit Philippe Jauffret, responsable du French Business Centre d'Ernst & Young à New Delhi, « sur la réalité de l'intérêt du marché, il n'y a pas photo : c'est le marché de l'avenir ».problème d'?uf et de pouleCe qui ne veut pas dire qu'il s'agit d'une partie de plaisir? « Il y a d'énormes barrières à l'entrée, souligne un professionnel. C'est un problème d'?uf et de poule : pour produire sur place à prix compétitif, il faut vendre de gros volumes, mais on ne peut atteindre les gros volumes qu'en produisant à bas coûts? »Ces difficultés peuvent susciter des positionnements délicats. Renault, par exemple, a profité de l'Auto Expo pour réaffirmer solennellement son engagement sur le marché indien? un an après avoir gelé tous ses projets. Mais après le quasi-échec de la Logan en Inde, le constructeur doit repartir de zéro ou presque. Le groupe va donc bâtir une série de véhicules qui sortiront dès 2011 de l'usine de Chennai (Madras). Il commercialisera les modèles « haut de gamme », Fluence et Koleos, et prévoit de descendre ensuite en gamme, jusqu'au lancement en 2012 de la voiture à très bas coûts élaborée avec l'indien Bajaj. Autant dire que l'implantation du constructeur français sur le marché indien, déjà passablement occupé, va prendre du temps.des pme tentent l'aventureL'équipementier Faurecia a lancé l'été dernier près de Delhi une usine fabriquant des mécanismes de sièges, et il construit un site à Pune, près de Bombay, pour fournir des armatures de sièges à la Polo de Volkswagen. « Nous sommes présents, nous renforçons nos activités, mais cela de façon professionnelle, vigilante », explique James Desban, patron de l'activité sièges de Faurecia en Inde, qui souligne la complexité de l'environnement local.Des PME tentent aussi l'aventure. Le groupe familial alsacien Lohr a ouvert une usine de camions porte-automobiles à Pune. Une démarche pleine de difficultés, souligne son représentant en Inde, Philippe Fortmann, qu'il s'agisse « du choix de partenaires, de cibles, de technologies, de prix? Imposer des normes de qualité, c'est un combat quotidien ».En fait, détaille un spécialiste, l'implantation en Inde se heurte à une série de problèmes : « Les relations avec l'administration indienne, un environnement fiscal très complexe et perturbateur, la difficulté à trouver les compétences dans le domaine de la fabrication. Mais il faut composer avec ces contraintes. » Comme le résume Philippe Fortmann : « Le marché est très difficile, mais tellement alléchant qu'on ne peut pas ne pas y être. » Patrick de Jacquelot, à New Delhi (Inde)
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