défense

Le Rafale volera-t-il un jour sous les couleurs de l'armée de l'air brésilienne ? Pour ce faire, l'avion de combat proposé par la France et fabriqué par Dassault Aviation va devoir encore passer quelques étapes, dont certaines risquent d'être difficiles à surmonter. À ce jour, si le Rafale est toujours dans la course, c'est grâce à une volonté politique sans faille exprimée au plus haut niveau au Brésil. Les excellentes relations entretenues entre Nicolas Sarkozy et son homologue brésilien, Lula, et celles nouées entre les ministres de la Défense, Hervé Morin et Nelson Jobim, lui ont permis de garder son rang de favori en dépit de l'opposition tenace de l'armée de l'air brésilienne (FAB), qui lui a toujours préféré le Gripen NG (voir « La Tribune » du 23 octobre 2009). Ce mercredi, le ministre des Affaires étrangères brésilien, Celso Amorim, a une nouvelle fois confirmé que « la décision finale est toujours politique » et qu'elle reviendra donc, in fine, à Lula. Mais le contexte au Brésil est très compliqué.Car il y a plusieurs « mais ». Et de taille. La FAB a fini par réussir à fédérer autour d'elle un front uni contre le Rafale. Et pas des moindres, puisqu'il s'agit d'Embraer, l'avionneur emblématique national, de la fédération des industries de défense brésilienne et enfin de nombreux parlementaires. Plus de 200 d'entre eux auraient demandé par courrier à Lula de ne pas faire un choix politique sur l'avion de combat. Embraer et la fédération justifient leur préférence pour la nouvelle version du Gripen, le NG, en raison du plus grand nombre de transferts de technologies intéressants que sur le Rafale, un avion déjà terminé.crise entre Lula et l'arméeD'abord, le processus d'acquisition de 36 avions de combat, qui arrive à son terme, intervient en pleine crise entre Lula et l'armée à propos du projet de création d'une commission vérité sur les crimes commis pendant la dictature militaire entre 1964 et 1985. Ainsi, à quelques mois de la fin du mandat de Lula en octobre, le haut commandement de la FAB et son patron, Juniti Saito, ont radicalisé leur opposition au choix politique en organisant la fuite du résumé de trente pages du rapport technique donnant la préférence au Gripen et classant le Rafale bon dernier. C'est en quelque sorte une revanche pour l'armée de l'air, qui n'avait pas goûté ? c'est peu de le dire ? de se faire imposer le Rafale lors de la visite de Nicolas Sarkozy en septembre au Brésil. D'ailleurs, ce serait le troisième rapport remis à Nelson Jobim par la FAB. Qui, à chaque fois, a refusé le document au prétexte qu'il ne répondait pas à la volonté politique d'avoir un rapport neutre censé détailler simplement les avantages et inconvénients des avions en compétition. Officiellement, aucun rapport n'a été remis à ce jour au ministre, explique-t-on au Brésil.Surtout, le calendrier est extrêmement tendu pour sécuriser à 100 % le contrat une fois que Nelson Jobim aura désigné comme vainqueur Dassault Aviation, lequel entrera alors en négociation exclusive avec la FAB. « Ce sera quasiment trop tard pour mettre en vigueur le contrat avec le versement du premier acompte » avant l'élection présidentielle, assure un bon observateur. Même si le plus gros de la négociation a été fait. À cet égard, Dassault Aviation a baissé son prix de 20 %, précise-t-on de source proche du dossier, même s'il resterait encore le plus cher, selon la presse brésilienne. Comme tout le monde s'accorde à dire que, après juin, plus rien ne sera possible en raison de la campagne présidentielle, et comme la FAB a joué depuis toujours le pourrissement de l'appel d'offres, il y a fort à parier que le Rafale, pourtant sélectionné, passe une nouvelle fois son tour au Brésil. Ce qui serait un nouvel échec cuisant pour l'Élysée très impliqué dans ce dossier, tout comme il l'était pour la vente de réacteurs nucléaires EPR à Abu Dhabi.
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