Quand l'État pédale dans le yaourt

À la fin des années 1990, sentant sa mort prochaine, le patron de la plus grosse entreprise de Bourgogne avait fait sensation à la radio en affirmant avoir écrit dans son testament que si son groupe devait être cédé, il voulait que ce fût à des Asiatiques et non à des Français. Pour justifier son souhait iconoclaste, ce concurrent de Servier affirmait en substance : « C'est le plus sûr moyen de préserver l'emploi. Les Asiatiques ne sont pas présents en France alors qu'un Français ou un Américain s'empressera de restructurer l'entreprise. » Ses dernières volontés ne furent pas respectées. Les propos de cet entrepreneur emblématique résument le problème que soulève aujourd'hui le devenir de Yoplait, « pépite » de l'agroalimentaire français qui suscite de nombreuses convoitises étrangères. Le Fonds stratégique d'investissement, bras armé de l'État, projette d'intervenir pour favoriser une solution de reprise bien française. Un État doit-il investir dans le yaourt ? Doit-il se mêler de la production de biens de consommation ? Les produits laitiers sont-ils désormais stratégiques ? L'entreprise Yoplait, éminente, n'a pas besoin d'autre chose que se développer sur des marchés en croissance. Pourquoi dans ces conditions faudrait-il retoquer un investisseur qui lui offrirait un réel potentiel en la matière ?Quant à l'argument du made in France qu'il conviendrait de défendre, il ne tient guère. Les yaourts Yoplait qu'achètent les Français sont évidemment fabriqués en France. Mais pas ceux que l'entreprise vend à l'étranger, qui sont fabriqués à partir de produits locaux - le yaourt n'est guère délocalisable. Et son origine locale est même un argument de vente.La preuve : en Suisse, Danone ajoute un drapeau helvétique sur ses yaourts. [email protected]
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.