L'équipe de France du nucléaire s'entraîne pour l'Afrique du Sud

La scène est rare. Anne Lauvergeon (Areva), Henri Proglio (EDF), Gérard Mestrallet (GDF Suez) et Patrick Kron (Alstom) réunis autour d'une table. C'était vendredi matin à Bercy, à l'initiative du ministre de l'Énergie, Éric Besson, qui recevait Elizabeth Dipuo Peters, son homologue sud-africaine. Pretoria, qui vient de relancer son programme nucléaire civil, interrompu fin 2008, affiche la volonté de construire 9.600 MW de capacités nouvelles (l'équivalent de 6 EPR) d'ici 2023. Un test clé pour « l'équipe de France du nucléaire » que le gouvernement tente de remettre en ordre de bataille après l'échec retentissant du méga contrat d'Abu Dhabi fin 2009. Des décisions en ce sens sont attendues dans les semaines qui viennent. Partenariat stratégiqueUn prochain Conseil de politique nucléaire, qui pourrait se tenir avant la fin du mois, doit se pencher sur « l'organisation de la filière nucléaire française ». L'objectif, selon le gouvernement : « Faire en sorte que l'équipe de France du nucléaire joue mieux ensemble ». Un thème qui a déjà occupé le milieu politico-industriel de l'énergie pendant des mois l'an dernier, lorsque l'Élysée avait ? déjà ? annoncé des réformes qui devaient s'appuyer sur un rapport rédigé par l'ancien président d'EDF, François Roussely. Peu de choses concrètes en étaient sorties si ce n'est la confirmation, par le Conseil de politique nucléaire du 27 juillet, du souhait d'Henri Proglio, PDG d'EDF, de redonner à l'électricien public son rôle de « chef de file » du nucléaire français à l'international. Et l'annonce d'un partenariat stratégique, à venir, entre les frères ennemis EDF et Areva. Cet accord cadre est presque bouclé entre les deux groupes. Ils ont travaillé sur « l'organisation de l'offre à l'export, le retour d'expérience sur l'EPR, le cycle du combustible, l'évolution du parc installé de réacteurs et l'élargissement de la gamme d'Areva ». L' « éventualité » de l'entrée d'EDF au capital d'Areva a en revanche été éludée. « Les prochaines décisions iront au-delà de cet accord et toucheront l'ensemble des acteurs, y compris GDF Suez et Alstom », indique une source gouvernementale. Le prochain appel d'offres de Pretoria fournira un bon terrain d'entraînement pour cette future équipe de France resserrée. ConfusionPour l'heure, la confusion règne. Henri Proglio, qui veut porter les couleurs nucléaires de la France et attend que les prochaines décisions permettent « une convergence » de la filière, a évoqué sa volonté de s'associer à des Chinois pour promouvoir les réacteurs franco-chinois CPR 1000. Areva, dont les EPR étaient donnés favoris face au réacteur AP1000 de Toshiba-Westinghouse lors du précédent appel d'offres, pourraient proposer l'Atmea, version plus petite (1000 MW) de l'EPR développée avec Mitsubishi. Pendant ce temps, les Coréens, vainqueurs d'Abu Dhabi, et les Chinois ont déjà fait acte de candidature.
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