« Il n'y aura pas de happy end à la tunisienne »

STRONG>Karim Emile Bitar, chercheur à l'Iris (*)L'Égypte est d'ores et déjà entrée dans l'après-Moubarak. Comment envisagez-vous la transition ?Il n'y aura pas de happy end à la tunisienne. L'armée continuera de jouer un rôle central en Égypte au cours des prochaines années comme elle le fait depuis 1952. D'autant que les États-Unis la considèrent toujours comme le garant de la stabilité dans le pays et la région, même si les manifestants souhaitent l'émergence d'un régime contrôlé par les civils. Washington mise beaucoup sur le vice-président Omar Souleimane, ainsi que sur l'état-major de l'armée pour assurer la transition. L'Iran a appelé les Égyptiens à instaurer un régime islamique. Faut-il craindre une réédition de la révolution iranienne de 1979 ?La configuration est très différente de celle de la révolution de l'Iran chiite. Les Frères musulmans n'ont été ni les initiateurs ni à l'avant-garde de ce mouvement. Ils n'étaient pas vraiment dans un choc frontal avec le régime de Moubarak. Il y avait une sorte de pacte faustien. Les Frères musulmans ne s'occupaient pas de politique et, en contrepartie, le pouvoir les laissait islamiser la société. Le modèle iranien ne constitue un modèle ni pour les musulmans égyptiens conservateurs ni pour les Égyptiens dans leur ensemble. Le modèle de référence serait-il la Turquie ?La Turquie a clairement essayé depuis dix ans de combler le vide laissé par des régimes arabes vieillissants. Le pays a connu un développement économique rapide, il a réussi à intégrer le courant musulman conservateur et à marier stabilité et démocratie. Tout cela séduit les opinions arabes sunnites, bien plus que le modèle iranien. Les Frères musulmans sont clairement la force d'opposition la plus structurée en Égypte. Mais le courant féministe, laïc et démocrate est tout autant ancré dans la société. Que souhaite l'administration Obama ?Un homme fort issu des rangs de l'armée pour assurer la continuité du pacte passé avec les États-Unis, autrement dit, rester un partenaire stratégique de Washington dans la région, assurer la stabilité interne du pays et préserver la paix avec Israël. Malgré son parcours et son profil de haut fonctionnaire international - il a notamment dirigé l'Agence internationale de l'énergie atomique - Mohamed El Baradeï n'a toujours pas obtenu un soutien clair de la part des États-Unis. Peut-être est-il un peu trop indépendant à leurs yeux...Propos recueillis par Xavier Harel(*) Institut de relations internationales et stratégiques.
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