Les opérateurs éclaboussés par le scandale des licences 2G en Inde

Le scandale des licences télécoms mobiles n'en finit plus d'éclabousser classe politique et entreprises du secteur. La semaine dernière, événement rarissime en Inde, c'est l'ancien ministre des Télécoms, Andimuthu Raja, qui a été placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête menée par le bureau d'investigation anti-corruption. Contraint à la démission en Novembre dernier, Raja est soupçonné d'avoir bradé, en 2008, les licences mobiles 2G aux différents opérateurs alors présents. Manque à gagner pour l'État indien : 40 milliards de dollars, selon l'audit public réalisé en novembre 2010 ! Pourtant réputé pour sa grande probité, le Premier Ministre indien Manmoham Singh a dû s'expliquer devant une commission d'enquête pour justifier le manque de réactivité du gouvernement, une fois l'affaire révélée. C'est désormais au tour des opérateurs télécoms de se trouver dans l'oeil du cyclone. Les premiers éléments de l'enquête dévoilés par le procureur mettraient ainsi en cause Uninor (anciennement Unitech Wireless), majoritairement contrôlé par le géant scandinave Telenor, dont l'État norvégien détient encore 54 %, et Swan Telecom, dont 45 % du capital est aux mains du groupe des Emirats, Etisalat. « Des faveurs ont été accordées, et ces sociétés se sont vu distribuer des licences à faibles coûts », a déclaré le procureur général Akhilesh. Telenor a immédiatement réagi, rappelant que son arrivée sur le marché indien résultait justement de l'obtention de ces licences 2G : « Nous n'avons aucune raison de croire que la licence a été acquise dans des conditions autres que celles dictées par les autorités indiennes », a déclaré le groupe. Aucune réaction en revanche du coté d'Etisalat. Crainte des expertsProchains sur la liste, trois autres acteurs, également titulaires de ces licences, qui ont jusqu'à la fin du mois pour s'expliquer : le russe Sistema, ainsi que les indiens Videocon et Loop Telecom. D'autres noms devraient s'ajouter dans les prochains jours. Ce week-end, le nouveau ministre des Télécoms, Kapil Sibal, citant le rapport des experts, a laissé entendre que le non-respect des règles d'attribution remontait à 2003. La commission a promis de se pencher en détail sur toutes les opérations menées pendant cette période et les experts du secteur craignent que d'autres grands noms soient ainsi dévoilés, au premier rang desquels deux géants - le britannique Vodafone et l'indien Bharti-Airtel - jusque-là épargnés.Benjamin Ramet, à Bombay
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