Le dollar reprend l'initiative dans sa course de fond avec l'euro

Un certain nombre de stratèges changes des grandes banques constataient avec une certaine incrédulité le saisissant rebond de l'euro face au dollar depuis le 10 janvier, avec un regain de vigueur de plus de 7,5 % entre le point bas du mois dernier et le point haut du début février. Ils n'ont donc pas été surpris de voir le soufflé retomber dès lors que Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a anéanti les anticipations de hausse de la rémunération de la monnaie unique, via l'augmentation prochaine des taux qu'ils attendaient. Néanmoins, le retour de balancier est sévère. Après la publication vendredi du rapport sur l'emploi aux États-Unis en janvier, l'euro a reflué jusqu'à 1,3545 dollar, alors qu'il s'était propulsé jusqu'à 1,3860 en milieu de semaine dernière. Malgré des créations d'emplois anémiques de 36.000 nouveaux postes de travail, le taux de chômage a reculé de façon spectaculaire de 9,4 % à 9 %, alors qu'il s'élevait encore à près de 10 % il y a deux mois. Ce qui semblerait donner tort à Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale qui a déclaré jeudi soir : « la reprise économique ne sera vraiment enracinée que lorsque nous aurons connu une période prolongée de fortes créations d'emplois. Il faudra plusieurs années avant que le chômage ne revienne à un niveau plus normal ». Certes, on est encore très éloigné du taux de 5 % de la population active, voire moins, qui prévalait avant le déclenchement de la crise. Mais les chiffres récents montrent une indéniable accélération du rythme de l'activité outre-Atlantique. L'indice ISM des directeurs d'achats du secteur manufacturier américain a bondi à 60,8 en janvier, retrouvant son plus haut niveau depuis 2004, tandis que son homologue du secteur des services passait de 57,1 à 59,4, dans un contexte de forte reprise de la productivité. Dette souveraineC'est une des raisons qui explique la volte-face des acteurs du marché des changes sur le dollar, qu'ils utilisaient comme vecteur de leurs stratégies de portage (consistant à jouer sur les écarts de taux) en raison de ses rendements voisins de zéro. Ce sont ces mêmes acteurs qui voient maintenant le dollar remonter vers 1,33 pour un euro.Alors que s'ouvrait le sommet européen de Bruxelles, les problèmes liés à la crise de la dette souveraine de la zone euro, que le marché des changes avait un moment occultés, ont refait surface, pesant eux aussi sur la monnaie unique. Le marché n'en a retenu que les aspects négatifs : les chefs d'État et de gouvernement ont encore temporisé sur l'élargissement du rôle du Fonds européen de stabilité financière et le « pacte » économique proposé par Berlin et Paris, qui sera discuté en mars, a alimenté un début de controverse. Isabelle Croizard
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