Dékantamination

L'affaire Alliot-Marie et, avant elle, l'affaire Woerth ont fait surgir en France un nouveau motif de ressentiment contre les élites : le conflit d'intérêts. Quiconque ayant autorité ou se trouvant en situation de décider - un membre de l'exécutif, le législateur, un élu local, un dirigeant d'entreprise - doit proscrire les situations où son action sur la collectivité peut être affectée par son intérêt personnel ou celui de ses proches. La faute ne réside pas seulement dans le fait de prendre un parti biaisé, mais aussi en amont, dans le seul fait de se placer en position où la décision peut être soupçonnée. Le conflit d'intérêts, c'est le principe de précaution appliquée à la décision des puissants. La multiplication des affaires signalerait-elle que la moralité des élites politiques s'est détériorée ? Pas sûr. Il y a toujours eu des affaires Woerth. Et sous Giscard d'Estaing et Mitterrand, les ministres assassinés, les conseillers suicidés, les délits d'initiés étaient au moins aussi problématiques. La crispation actuelle témoigne davantage de l'insatiable désir de transparence de l'opinion, de plus en plus violent. Louable désir, s'il n'est pas dénaturé par les comportements grégaires et les exécutions sommaires. Car il y a aussi quelque chose de maladif dans la recherche de la transparence absolue. Quant au projet confirmé par François Baroin de constituer une Haute Autorité en la matière, il ne faut pas en attendre des miracles. Le conflit d'intérêts, éternel compagnon du pouvoir, ne peut se traiter efficacement que par la prévention, c'est-à-dire la morale personnelle. « Agis seulement comme si la maxime de ton action devait être érigée en loi universelle. » Ça ne date pas d'hier, mais ça marche encore assez bien. Relisons Kant. [email protected]
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