Qui pour succéder à Galliano chez Dior ?

Vendredi 4 mars, 14 h 30. Les badauds et les blogueurs, appareils photos en bandoulière ont envahi la rue de Varenne, dans le 7e arrondissement de Paris. Les gendarmes tentent de fluidifier la circulation, il faut apporter des barrières de sécurité supplémentaires. Un fan brandit une banderole « the king is gone ». Dans l'enceinte du musée Rodin, la dramaturgie est parfaite. Service de presse habillé de noir, dans la salle telle un catafalque, les chaises sont elles aussi recouvertes de noir. Ambiance funéraire. Aucune désaffection chez les journalistes et les acheteurs du monde entier, mais parmi les people, seules Mélanie Laurent et Natalia Vodianova sont assises au premier rang. Fait inédit, Sidney Toledano prend la parole, le ton est grave. « Ce qui nous arrive est une épreuve. [...] de tels propos sont inacceptables, au nom de notre devoir de mémoire de toutes les victimes de l'holocauste. » Le nom de John Galliano n'est pas mentionné. Karlie Kloss, le top model phare de Dior entre en scène, cape, capeline et bottes en avant toute. Les modèles suivent, les visages sont fermés mais le flou, les volants, la transparence incarnent les valeurs de la maison Dior, une extrême féminité, faite de légèreté, destinée à plaire. Après le final, Anna Wintour, l'influente rédactrice en chef de l'édition américaine de « Vogue » s'éclipse par une porte de côté, elle n'assiste pas à la sortie des petites mains des ateliers, tous habillés en blouse blanche. Standing ovation nourri, il y a belle lurette que les apparitions de John Galliano, même hyper théâtralisées, ne suscitaient autant d'enthousiasme. Delphine Arnault, la fille du patron de LVMH absent, essuie une larme, l'opération est réussie. La maison Dior est solide, et la page Galliano tournée. Plusieurs noms citésReste à faire vite. Dans quatre mois, début juillet, Dior défilera pour la haute couture. Il faut remplacer John Galliano, celui-là même que Sidney Toledano qualifiait de coeur du réacteur de la machine Dior. Qui alors pour lui succéder ? Un nom revient avec insistance : Riccardo Tisci le directeur artistique de Givenchy. En a-t-il l'étoffe ? Les noms d'Hedi Slimane, Alber Elbaz aussi ont circulé mais le premier ne s'est pas entendu dans le passé avec Bernard Arnault, quant au second, pourtant sans doute le plus brillant de sa génération, il semble trop heureux chez Lanvin où il est associé dans le capital pour se lancer un tel défi. Car, c'est bien là le problème. Aujourd'hui, un poste aussi prestigieux, sans doute, le plus grand d'entre tous dans la mode, fait peur. Ces derniers mois, après le décès de Yves Saint Laurent, le suicide d'Alexander McQueen, d'Isabella Blow, sa muse, la descente aux enfers de Galliano, mais aussi l'hospitalisation de Christophe Decarnin, le créateur de la maison Balmain en maison de repos, la nouvelle génération de créateurs n'a pas envie de sacrifier sa vie pour mettre sa créativité au service d'une industrie. Tout le monde n'a pas la puissance créative, la capacité de travail mais aussi la résistance nerveuse de Karl Lagerfeld.
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