Incertitude sur l'avenir des chaînes bonus de TF1, M6 et Canal Plus

La diffusion de la télévision analogique cessera en Île-de-France dans la nuit de lundi à mardi, et dans toute la France d'ici à fin novembre. À cette échéance, TF1, M6 et Canal Plus doivent en théorie disposer chacune d'une chaîne TNT supplémentaire ou « bonus ». Mais cette date paraît désormais intenable, et ces chaînes devraient avoir des mois de retard, si ce n'est des années. En effet, de multiples obstacles restent à surmonter avant leur lancement. Un obstacle stratégique d'abord. En effet, si M6 et Canal Plus souhaitent que ces chaînes soient lancées le plus vite possible, TF1 milite en sens inverse auprès des pouvoirs publics, et notamment du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). La Une plaide pour que ces chaînes soient diffusées via une technologie totalement nouvelle, le DVB-T2, ce qui impliquerait de changer tous les décodeurs TNT. La Une, qui n'a aucune envie de subir la concurrence de nouvelles chaînes TNT gratuites, craint en particulier que Canal Plus ne se lance dans la télévision gratuite avec sa chaîne bonus. Interrogés, TF1 n'a pas répondu, tandis que Canal Plus dit n'avoir toujours pas décidé si sa chaîne bonus sera payante ou pas. La Une avait eu exactement la même attitude vis-à-vis de la TNT au début des années 2000, tentant - en vain - de la retarder, en militant de la même manière pour une technologie pas encore au point (le MPEG4).Mais s'ajoute aussi un obstacle technique. Les fréquences des chaînes bonus ne sont pas disponibles sur près d'un tiers du pays. Dans ces cas-là, il faudra modifier les fréquences utilisées par les chaînes TNT actuelles. Une opération lourde qui prendra plusieurs mois, et imposera aux téléspectateurs de réinitialiser leur décodeur pour mémoriser les nouvelles fréquences. Réaménagement coûteuxCette opération aura un coût important : estimé initialement à 70 millions d'euros, il est aujourd'hui évalué entre 20 et 30 millions. Selon des sources concordantes, le gouvernement a écarté l'idée d'un financement par l'État ou les télécoms, et compte faire payer les chaînes de télévision. Reste à savoir lesquelles. L'usage est que ce type de réaménagement soit payé par les chaînes utilisant les fréquences ainsi libérées. Mais une autre option étudiée est de faire payer l'ensemble des chaînes TNT, historiques et nouveaux entrants. Cet obstacle technique bloque non seulement les chaînes bonus, mais aussi toutes les nouvelles chaînes promises par le CSA (deux payantes plus deux gratuites en haute définition). Résultat : le gendarme de l'audiovisuel n'a toujours pas démarré leur processus d'attribution, alors qu'il avait pourtant promis de lancer un appel à candidatures « avant mi-2010 » pour un début des émissions « en 2011 ». Autre obstacle : des décrets - toujours pas sortis - sont aussi nécessaires pour déterminer les obligations de production des chaînes bonus, voire le financement du réaménagement de fréquences. Et, « last but not least », Bruxelles juge illégales les chaînes bonus et a ouvert une procédure d'infraction sur ce point.
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