Angela Merkel traverse une passe difficile

Malgré les félicitations de la presse allemande, le demi-succès d'Angela Merkel sur la gestion de la crise grecque lors du sommet européen de Bruxelles ne lui a guère profité sur le plan intérieur. La semaine passée, un sondage pour la chaîne de télévision ARD a montré une baisse de popularité de la chancelière de sept points en un mois. Certes, l'ancienne physicienne demeure très populaire, avec 55 % d'opinions favorables, mais cette chute est d'autant plus inquiétante qu'elle intervient dans un contexte très difficile pour son gouvernement et sa coalition.L'alliance conservatrice-libérale n'est plus créditée dans les sondages au niveau fédéral que de 41 à 43 %, contre 49 % lors des élections de septembre. La gauche, formée des sociaux-démocrates, des Verts et de Die Linke, est désormais majoritaire (entre 51 et 52 % des intentions de vote), même si une alliance de ce type reste très hypothétique. Malgré la bonne résistance du marché de l'emploi, des signes de reprise économique et la fermeté d'Angela Merkel sur le dossier grec, la coalition paie désormais le prix de ses hésitations et de ses querelles internes, notamment sur les baisses d'impôts. Les libéraux du FDP sont les premières victimes de ce contrecoup. Leur attachement à des baisses d'impôts massives très impopulaires les a pénalisés alors que leur électorat se montrait très déçu par leur incapacité à imposer les réformes promises. Résultat : les sondages n'accordent plus que 7 à 8 % des voix au FDP, contre 14,7 % obtenus en septembre. Près d'un Allemand sur trois se dit insatisfait du travail de Guido Westerwelle, le ministre des Affaires étrangères et chef de file des libéraux. Angela Merkel doit également faire face au très fort mécontentement vis-à-vis de l'engagement allemand en Afghanistan, qui a donné lieu vendredi dernier à une nouvelle bavure : après la mort de trois de ses soldats lors d'une attaque des talibans, la Bundeswehr a en effet tué par erreur six soldats afghans près de Kunduz. brouillard politiqueSelon le politologue Gerd Langguth, de l'université de Bonn, cité par le « Handelsblatt », le gouvernement manque d'une « dimension politico-philosophique ». Autrement dit, le pragmatisme d'Angela Merkel n'est plus compris et les Allemands s'interrogent sur « ce que veut vraiment sa coalition ». Les élections du 9 mai en Rhénanie-du-Nord-Westphalie risquent d'être une déception pour la coalition qui devrait perdre sa majorité absolue. Angela Merkel devra alors faire face à un mécontentement au sein de son propre camp qui commence ? déjà ? à se faire jour. Romaric Godin, à Francfort
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