La remontée des taux longs américains pourrait freiner la reprise de l'immobilier

Considérée comme probable par la plupart des analystes en raison de l'amélioration de la conjoncture, la remontée des taux longs américains pourrait entraver la reprise du marché immobilier. Epicentre de la crise aux Etats-Unis, ce dernier reste en effet encore fragile malgré les mesures exceptionnelles mises en oeuvre pour faire diminuer les taux d'intérêt immobiliers.Evoluant en sens inverse des prix, le rendement des obligations à 30 ans adossées à des prêts hypothécaires émises par Fannie Mae a atteint lundi un plus-haut de 8 mois, à 4,67 %. Le rendement de ces titres, qui donnent la tendance sur le marché du crédit immobilier aux particuliers outre-Atlantique, a bondi de plus de 0,3 point de pourcentage depuis le 23 mars, dans le sillage de la hausse des obligations d'Etat à 10 ans américaines. « La remontée des taux longs traduit un phénomène d'allocations d'actifs favorable aux titres risqués, comme les actions et les obligations d'entreprises, au détriment des obligations d'Etat et des obligations hypothécaires garanties par l'Etat », explique René Defossez, stratégiste taux chez Natixis.Afin de relancer un marché immobilier en chute libre à la suite de l'éclatement de la crise des subprimes, l'Etat américain avait mis sous tutelle les agences de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae en septembre 2008. La Fed a de son côté lancé en janvier 2009 un programme d'achat de 1.250 milliards de dollars de titres hypothécaires des deux agences, achevé le 31 mars dernier. Fin 2009, le Trésor avait en outre décidé de couvrir les pertes des deux agences, qui refinancent plus de la moitié des prêts immobiliers des ménages américains, pendant les trois prochaines années. Ces mesures ont permis de faire chuter le rendement des titres émis par Fannie Mae à 3,67 % en janvier 2009, puis de l'ancrer sous les 5 % depuis juin dernier. Si le marché immobilier donne des signes de stabilisation, les ventes de maisons neuves ne représentent aujourd'hui que le tiers des volumes constatés début 2007. « On ne peut pas écarter l'idée d'une rechute de l'économie et un environnement déflationniste, comme le prouve le débat actuel au sein de la Fed. Mais si la reprise s'installe et que la Fed durcit sa politique, ce n'est pas une bonne nouvelle pour les titres hypothécaires et pour l'immobilier », estime René Defossez. Julien Beauvieux
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