La réforme des retraites plane sur le congrès de la CFDT

Une réforme « injuste » qui n'épargne que les « cadres supérieurs », un « rafistolage » qui obligera à remettre l'ouvrage sur le métier « dans les cinq ans ». Depuis plusieurs jours, François Chérèque ne mâche pas ses mots sur le projet de réforme des retraites que prépare l'exécutif. Alors que le congrès de son organisation se tient à partir de ce lundi et jusqu'à vendredi à Tours (Indre-et-Loire), le leader de la CFDT affiche sa fermeté sur un dossier qu'il sait ultrasensible pour ses militants depuis son soutien à la réforme Fillon de 2003.Devant les 1.500 délégués réunis à Tours, l'exercice de style s'annonce pourtant délicat. Certes, le refus du report de l'âge légal de départ au-delà de 60 ans est inscrit noir sur blanc dans la résolution soumise au vote en fin de semaine. Et François Chérèque ne cesse de marteler que « la CFDT ne peut pas s'engager dans une réforme qui remet en cause les 60 ans ». Mais, dans la logique réformiste qui constitue la marque de fabrique de la CFDT depuis la fin des années 1970, François Chérèque et ses proches ont aussi pris soin de laisser la porte entrouverte. Les délégués du congrès seront donc consultés sur les conditions qui les amèneraient à accepter un allongement de la durée de cotisation. Un vote qui sera scruté avec attention par François Chérèque, mais aussi par l'exécutif.manque de résultatsL'ambivalence de la CFDT dans le débat sur les retraites est symptomatique des interrogations qui agitent le syndicat sur son positionnement. Ces dernières années, elle a assumé son réformisme. Mais au prix, souvent, de l'isolement comme lorsqu'elle signe, début 2009, avec le patronat une nouvelle convention d'assurance chômage vertement critiquée par ses quatre homologues.Or, cette posture d'organisation responsable ne s'est pas révélée payante. Aux élections prud'homales de décembre 2008, la CFDT a perdu du terrain face à sa grande rivale, la CGT. Lors des élections professionnelles dans les entreprises, la centrale du boulevard de la Villette, qui revendique pourtant un nombre d'adhérents très supérieur à la CGT, ne parvient pas à combler le fossé avec la confédération de Bernard Thibault (lire ci-contre). Un manque de résultats qui commence à inquiéter une direction confédérale confrontée à un vieillissement de ses militants - seuls 13 % des adhérents ont moins de 36 ans. « Les résultats des élections prud'homales nous ont percutés. Ils montrent qu'il faut, en permanence, vérifier l'adéquation de nos orientations avec le terrain », reconnaît Laurent Berger, le secrétaire national pressenti pour succéder à François Chérèque.Cette semaine, le dossier des retraites sera donc l'occasion de tester auprès des militants une voie étroite entre réformisme et contestation. Un test non sans risque pour François Chérèque qui, s'il est assuré d'obtenir un troisième et dernier mandat, joue aussi sur cette question la sérénité de ses quatre dernières années à la tête de la CFDT.
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