François, Bernard, Nicolas ? : un drôle de jeu à trois

À chaque manifestation, ils sont bras dessus bras dessous derrière la banderole du carré de tête. Lorsque le premier juge inacceptable la copie du gouvernement sur les retraites, le second renchérit en déclarant que son organisation ne laissera pas passer le recul de l'âge légal de départ au-delà de 60 ans. Depuis quelques mois, et plus encore depuis le lancement officiel de la réforme des retraites, François Chérèque et Bernard Thibault affichent une entente parfaite. D'ailleurs, jeudi, lorsque les délégués CFDT débattront des retraites, le leader de la CGT fera partie des invités d'honneur du congrès de Tours.Bien sûr, des ratés subsistent. En décembre, lors du congrès de Nantes de la CGT, Bernard Thibault avait dû renoncer à accueillir son homologue de la CFDT de crainte qu'il n'essuie les lazzis des militants hostiles à un rapprochement entre les deux organisations. Sur le terrain, les militants des deux confédérations sont plus souvent rivaux qu'alliés.trouver les contrepartiesIl n'empêche, la page du froid polaire entre les deux leaders est clairement tournée. En 2003, lorsque François Chérèque « tope » avec le gouvernement Raffarin sur la réforme des retraites, Bernard Thibault rompt toute relation avec le successeur de Nicole Notat. Ce n'est qu'en 2006, lorsque la CFDT rejoint l'intersyndicale opposée au contrat première embauche (CPE), que le climat se réchauffe. La position commune de 2008, qui redessine le paysage syndical au détriment des petites organisations, scelle leur pacte.Avec cette alliance, les deux leaders syndicaux ont mis à mal la stratégie de l'Élysée sur la réforme des retraites. Sur le modèle du compromis qu'il avait passé avec Bernard Thibault lors du changement de statut d'EDF ou de la négociation de la réforme des régimes spéciaux de retraite, Nicolas Sarkozy espérait pouvoir compter sur une opposition modérée de la CGT. Avec François Chérèque, le chef de l'État entretient des relations plus fraîches. Mais Éric Woerth et les conseillers de Nicolas Sarkozy s'emploient depuis des semaines à trouver les contreparties à même de convaincre la CFDT d'opter pour un silence bienveillant.Pour l'instant, les propositions de l'exécutif ne semblent pas suffisantes, notamment sur la pénibilité (lire ci-contre). Prudent, le gouvernement a choisi d'attendre l'après-congrès de la CFDT pour dévoiler ses projets précis. Et tester la résistance du duo Chérèque-Thibault. Avec le secret espoir d'un retournement d'alliance en sa faveur... A. L.
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