La Hongrie dramatise sa situation

« Le pays pourrait faire défaut, dans un contexte similaire à celui de la Grèce. » Ces propos, tenus par différents responsables du Fidesz, le parti conservateur, qui ont mis vendredi le feu aux marchés financiers, doivent être remis dans leur contexte politique. Le Fidesz, qui vient d'accéder au pouvoir en Hongrie, dispose pour la première fois depuis 1989 de la majorité au Parlement. Dans son discours inaugural devant cette Assemblée, le Premier ministre Viktor Orban avait juré que la Hongrie « ne serait pas une vassale du FMI et de l'Union européenne ». Comme il s'était engagé lors de sa campagne électorale à baisser les impôts, à relever le montant des retraites... nombre d'analystes à Budapest estiment que ces propos alarmistes sont destinés d'abord à l'opinion publique hongroise, et à la préparer à une cure d'austérité. Les experts du « think tank » Politicalcapital ne croient pas à la faillite d'un pays qui dispose encore de 2 milliards de dollars de crédits non utilisés du FMI, et a été à nouveau autorisé à emprunter sur les marchés financiers. Montée de l'extrême-droitePour autant, personne ne croit capable le gouvernement - qui va chercher comme le précédent à protéger les plus faibles, petits fonctionnaires et retraités - de ramener le déficit public à 3,8 % du PIB sur deux ans comme il s'y était engagé. La réduction de la dette publique qui représente 80 % du PIB est improbable à court terme. La croissance ne devrait pas dépasser 1,2 % cette année et à peine plus en 2011. Le chômage, qui touche 10,5  % de la population, va persister. Les rentrées fiscales vont rester faibles en dépit de la simplification des formulaires de déclaration, dont la complexité favorisait par le passé la fraude. En outre, la Hongrie, dont les actifs sont majoritairement détenus par les investisseurs étrangers, va rester dépendante de la conjoncture mondiale. En fait, avec son côté « Bonaparte », Viktor Orban, qui doit tenir compte de la montée de l'extrême-droite, cherche à retrouver une marge de manoeuvre. Il est donc tenté de défier le FMI, pour exiger de renégocier une partie de l'accord de 2009. Christine Dupré, à Prague
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