Le Japon se choisit un leader au caractère trempé

Je veux montrer au peuple que les espérances qu'il a placées dans notre parti en votant pour lui l'an dernier n'étaient pas un rêve ! » Naoto Kan s'est engagé à pérenniser l'alternance historique qu'a représentée la prise de pouvoir par le Parti démocrate du Japon (PDJ) en septembre dernier. Huit mois après la défaite historique essuyée par le Parti libéral démocrate (PLD), Yukio Hatoyama, premier Premier ministre issu d'une opposition politique de l'histoire du Japon, a démissionné sous les huées mercredi dernier. Nouvelle générationSes tergiversations sur tous les sujets urgents et son absence totale de leadership plombaient sa majorité, ce à quelques semaines d'élections sénatoriales partielles cruciales qui se tiendront le 11 juillet. Pour effacer ce faux départ, le PDJ a choisi son leader au caractère le plus trempé. Issu des milieux activistes étudiants, l'accession au pouvoir de Naoto Kan est une anomalie dans le monde très fermé de la politique japonaise. Les quatre derniers Premiers ministres du Japon avaient tous au moins un grand-père qui avait exercé cette charge avant eux. « Avec Naoto Kan, on peut enfin dire qu'une nouvelle génération dirige le pays », estime le politologue Takao Toshikawa. Naoto Kan est un homme de conviction. Il s'est opposé frontalement à sa bureaucratie lorsque, ministre de la Santé, il a rendu publics les documents qui mettaient clairement en cause la responsabilité des bureaucrates dans l'affaire japonaise du sang contaminé. « Vous n'avez pas idée de l'effet qu'a eu son action. Les Japonais se sont enfin dit qu'il était possible de s'opposer au pouvoir », se rappelle avec émotion Karel Van Wolferen, un des meilleurs spécialistes du Japon. Il ne fut pas un ministre des Finances brillant dans le gouvernement de Yukio Hatoyama, multipliant les petites phrases malheureuses. « Mais il a vite appris », estime un de ses proches.Aujourd'hui, Naoto Kan met son talent au service du redressement du pays. « Une croissance forte, des finances publiques solides et une assurance sociale solide », a-t-il promis jeudi dans un discours phare. Il ne promet que des efforts aux Japonais : notamment une hausse des impôts, qu'il juge inévitable au vu des finances publiques. Naoto Kan ne compte pas jouer non plus les figurants dans les sommets internationaux. Les Japonais entendront-ils son appel au sursaut?? Le 11 juillet, suivront-ils Naoto Kan?? Déboussolés par vingt années de stagnation et de déclin, dégoûtés de la politique politicienne, ils pourraient être séduits. Le dernier à avoir adopté cette stratégie, Junichiro Koizumi, s'est maintenu au pouvoir durant plus de cinq ans, battant tous les records de longévité à cette fonction. n
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