Les banques américaines s'opposent

La récente proposition du normalisateur comptable américain, le FASB, d'étendre la « juste valeur », c'est-à-dire la valorisation au prix de marché, à tous les instruments financiers n'a pas fini de faire de vagues. Concernées au premier chef, puisque leur bilan comporte de nombreux éléments non soumis à la juste valeur, notamment leur portefeuille de prêts, les banques américaines n'ont pas tardé à monter au créneau. « Cette mesure dégraderait la disponibilité du crédit en dissuadant les banques d'accorder des prêts à long terme, dont la valeur comptable chuterait immédiatement, même si les remboursements ne souffrent aucun retard », a déclaré le président de la puissante American Bankers Association, Edward Yingling. Neutralisation partielleDes craintes corroborées par une étude de Credit Suisse, qui estime que cette mesure aurait pour effet de réduire de 109 milliards de dollars les capitaux propres des sociétés financières de l'indice S&P 500. Les plus affectées seraient les banques commerciales, avec des « pertes latentes » évaluées à 70 milliards, dont 65 milliards liés au fait que la « juste valeur » de certains de leurs actifs - essentiellement des prêts - est inférieure à leur valeur comptable actuelle, typiquement évaluée sur la base du coût historique amorti. Sans surprise, les banques les plus massivement exposées sont celles qui ont les plus gros portefeuilles de prêts, à savoir Bank of America et Wells Fargo (25 milliards chacune). Mais en proportion de leurs capitaux propres, les établissements les plus exposés sont les banques régionales, à l'image de Regions Financial, dont la perte représenterait carrément la moitié de sa valeur comptable ! L'étude souligne toutefois que cet impact sur les capitaux propres n'impliquerait pas nécessairement une baisse identique de leur solvabilité réglementaire, car les régulateurs, traditionnellement plus enclins que les investisseurs à ignorer les gains ou pertes latents, pourraient décider de neutraliser, au moins partiellement, l'impact du changement comptable sur les fonds propres prudentiels. Benjamin Jullie
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