La rigueur budgétaire allemande critiquée pour sa modération

Encore un effort, Madame Merkel. C'est le message qu'ont envoyé plusieurs membres de la majorité de la chancelière allemande concernant le projet de budget fédéral 2011 et le plan de finances sur cinq ans. Le projet, adopté mardi en conseil des ministres avant sa discussion à la rentrée au parlement, prévoit un déficit budgétaire pour l'Etat fédéral (ce qui exclu les comptes des Länder, des Communes et des assurances sociales) de 57,5 milliards d'euros en 2011. Cette année, le gouvernement a revu très fortement à la baisse son déficit à 65,2 milliards d'euros contre 80 milliards d'euros initialement. Le bon comportement du marché de l'emploi et la reprise conjoncturelle va en effet réduire la facture de la crise. En 2014, le déficit fédéral serait ramené à 24,1 milliards d'euros, afin de situer, à partir de 2016, sous le plafond constitutionnel d'un déficit structurel de 0,35 % du PIB.« Bien peu ambitieux »Dans la majorité, ce plan a été assez mal reçu. On aurait souhaité que le gouvernement profite de l'éclaircie conjoncturelle pour aller plus vite dans la réduction des déficits. Le député CDU Alexander Funk a réclamé que l'on se dirige vers un déficit de 50 milliards d'euros dès l'an prochain. Il a reçu le soutien de son collègue libéral Florian Toncar. Même l'économiste Clemens Fuest, qui est pourtant un des conseillers du ministre des Finances Wolfgang Schäuble, s'est montré déçu par le plan budgétaire du gouvernement fédéral. Il l'a qualifié de « bien peu ambitieux », demandant à ce que l'on réfléchisse à une réduction des subventions, des niches fiscales, ainsi que des allocations familiales. Il plaide aussi pour augmenter les taux de TVA récemment réduits ? notamment, celui, très critiqué, sur l'hôtellerie mis en place en janvier. Décidément, les projets d'économies du gouvernement n'ont guère de succès : leur rigueur serait trop modérée ou mal appliquée. Le plan d'austérité de 80 milliards d'euros sur cinq ans présenté en juin avait déjà été fortement critiqué à droite comme à gauche en raison du flou de certaines mesures et du poids des coupes des prestations sociales (près de 30 milliards d'euros) sans hausse parallèle de l'impôt sur le revenu, ou de changement sur la TVA. Du coup, Angela Merkel , la Chancelière, n'a guère profité sur un plan politique de ce plan et a continué à reculer dans les sondages. Certes, en Allemagne, la rigueur va de soi. Fin mai, un sondage révélait que 76 % des Allemands avaient peur de l'endettement de l'État, tandis qu'un autre indiquait au même moment que 60 % des salariés étaient prêts à faire des sacrifices pour réduire cet endettement. Mais la méthode Merkel a désormais du mal à passer et l'on comprend mal les concessions que la Chancelière a accordées aux composantes de sa majorité dans la conception de son plan d'économie qui, du coup, est apparu injuste.
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