Négociations tendues au G20 de la finance

C'est l'histoire de la réforme à moitié pleine ou à moitié vide. Le G20 finance de ce week-end, à Londres, sort avec quelques avancées indéniables ; mais le flou demeure dès qu'il s'agit de traduire précisément les grands principes en mesures concrètes.Maintenant que l'urgence de la crise est passée, et que le financement supplémentaire du Fonds monétaire international (FMI) décidé en avril semble bouclé (voir ci-contre), les discussions se tournent vers la réforme de la régulation bancaire et des institutions financières internationales. Et c'est nettement plus difficile que de simplement mettre de l'argent sur la table. Même Tim Geithner, le secrétaire américain au Trésor, le reconnaît : « Nous avons un accord général sur les principes et les objectifs pour construire un système financier plus stable, mais il faut maintenant que nous le mettions en place. » Dominique Strauss-Kahn, le directeur du FMI, ne cache pas son scepticisme : « Sur la régulation financière, j'attends encore que des mesures fortes soient prises et appliquées. »Côté positif, la France et l'Allemagne ont réussi à arracher quelques concessions sur les bonus. En particulier, le G20 s'engage sur des principes désormais relativement précis sur leur encadrement : les bonus devront être étalés sur plusieurs années, un « malus » est prévu si les performances baissent dans le temps, les bonus garantis sont exclus, et les régulateurs seront en charge de superviser les rémunérations.En revanche, aucun accord n'a pu être trouvé sur un plafonnement des bonus, face à l'opposition des États-Unis et du Royaume-Uni. Seule concession américaine, il est question dans le communiqué final de ce week-end d'« explorer les approches possibles pour limiter le montant total des rémunérations variables » : une phrase alambiquée pour indiquer que les chefs d'État, à Pittsburgh les 24 et 25 septembre, se pencheront sur la question pour laquelle des propositions sont en préparation. Ce sera à eux de trancher, mais la réticence américaine dans le domaine est forte. « La pression de l'opinion aux États-Unis est la seule chance de convaincre la Maison-Blanche », estime un diplomate européen.Autre illustration de l'avancée à vitesse d'escargot du G20 : les normes prudentielles, c'est-à-dire le niveau des fonds propres des banques. Si l'Europe a accepté d'étudier une hausse du capital de ses établissements financiers, ce n'est que du bout des lèvres : cela se fera uniquement dans le cadre de Bâle II, c'est-à-dire les normes européennes déjà en vigueur (voir ci-contre).Enfin, le G20 finance s'est mis d'accord pour continuer les plans de relance mis en place à travers le monde. Quelques voix, notamment en Allemagne, commençaient à s'inquiéter des risques inflationnistes que ceux-ci risquaient de poser à terme. Mais les principaux argentiers de la planète estiment que la reprise est encore beaucoup trop fragile pour parler d'un retrait des plans de relance. Tout juste reconnaissent-ils le besoin de préparer des « stratégies de sortie coopératives et coordonnées »? pour plus tard, à une date encore indéterminée. Une façon de botter en touche décidément habituelle au G20. Reste l'espoir que les chefs d'État et de gouvernement sachent, comme à Londres en avril, dépasser les attentes suscitées par leur réunion de Pittsburgh.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.