« Limiter les bonus va contre la culture américaine »

Après les grands principes sur lesquels le G20 s'était mis d'accord en avril, leur traduction dans les actes semble nettement plus dure?Bien sûr que c'est plus dur. Maintenant, il faut rentrer dans la technique, il faut mettre les mains dans le cambouis. Mais il ne faut pas comparer le 2 avril, le sommet du G20 de Londres, et la réunion de ce week-end. Le 2 avril, c'était une rencontre des chefs d'État et de gouvernement. Il faudra la comparer à celle des 24 et 25 septembre lorsqu'ils se retrouveront à Pittsburgh. On verra alors si le soufflé n'est pas retombé. Après les grands principes, il faut rentrer dans la mise en ?uvre, et là, c'est toujours plus compliqué : cela prend du temps et il ne faut pas qu'on se trompe. Mais la dynamique politique du G20 n'est-elle pas en train de retomber ?Non, pas du tout. La dynamique politique était de répondre à une situation d'urgence, qui nécessitait des mesures exceptionnelles. On les a prises. Maintenant, on travaille la structure. Évidemment, c'est plus tendu, parce qu'on construit l'avenir. On n'est plus en train de régler les problèmes du présent.La mise en ?uvre est notamment difficile en ce qui concerne les bonus. Le communiqué du G20 parle d'« explorer les approches possibles pour limiter » les rémunérations. C'est vague?On peut imaginer toutes sortes de possibilités. Par exemple, on peut introduire une limite de la partie variable de la rémunération par rapport à la partie fixe, sur une base individuelle ou collective ; ou alors, une limite du total de la partie variable par rapport au résultat brut d'exploitation. Mais il ne faut pas qu'on se fixe sur un principe, qui serait la méthode française. Mieux vaut se focaliser sur la mise en ?uvre sur le plan international : cela va peut-être prendre des formes différentes selon les pays, les systèmes juridiques et les modes d'organisation des entreprises. Ce qu'il faut, c'est sortir d'une vision à court terme, sans considération du facteur risque ni du facteur résultat.Les États-Unis sont-ils prêts à limiter les bonus ?Leur culture est l'esprit d'entreprise, du risque et de sa rémunération. La notion de limitation est contre-culturelle. C'est pour ça que le fait d'avoir le mot « limitation » dans le communiqué a été une sacrée bataille.Sur le FMI, les négociations sur les droits de vote des différents pays n'ont pas avancé?Les quotas du FMI représentent des enjeux géopolitiques, avec des équilibres entre les pays émergents, développés et à bas revenus : cela va être du réglage très fin. Mais ce qui était important, c'était de mettre de l'argent sur la table tout de suite, pour que tous les pays puissent bénéficier de l'effort collectif. Il ne fallait pas laisser tomber les pays à bas revenus. Depuis huit mois il y a eu plusieurs sauvetages. À chaque fois, le FMI a pu faire ce qu'il fallait.Sur les paradis fiscaux, la publication des listes « noire » et « grise » en avril a été critiquée, parce qu'elle ne contenait pas des juridictions comme Jersey, Guernesey ou Hong Kong? De plus, les trusts, ces sociétés écrans, ne sont pas visés.« Une seule étape à la fois. On a sorti la liste noire, on a réduit la liste grise, on est en train de prévoir des sanctions et une date limite pour les mettre en place a été fixée [mars 2010, Ndlr]. À chaque jour suffit sa peine, on a déjà beaucoup fait. »Propos recueillis par Éric Albert, à Londre
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