Reprise : et si les entreprises avaient la clé ?

L\'embellie se confirme nous dit l\'Insee. Excellent nouvelle ! La consommation des ménages ? Malgré le niveau élevé du taux de chômage et son lot d\'incertitudes, elle résiste, stimulée par l\'augmentation du pouvoir d\'achat. Le commerce extérieur ? Les exportations décélèrent mais elles continuent de progresser, la demande mondiale adressée à la France étant orientée à la hausse.La panne observée en 2012 se prolonge en 2013Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si l\'investissement des entreprises repartait. Or, malgré la remontée du taux de marge et du taux d\'autofinancement anticipée par l\'Insee en 2013, l\'investissement devrait pourtant reculé de 1,7% cette année. Comme l\'année dernière.Le comportement des entreprises peut sembler paradoxal. En effet, au plus fort de la crise, leurs investissements ne se sont pas brutalement écroulés. « La France s\'est démarquée de ses voisins sur la période récente avec un ajustement de l\'investissement relativement plus modéré. La correction de l\'investissement s\'avère aussi moins sévère que lors des crises passées. Compte tenu du fort repli des demandes mondiale et domestique et de la chute des taux de marge, on aurait pu craindre une baisse du taux d\'investissement beaucoup plus significative », expliquent les économistes du Crédit agricole.L\'investissement peut-il rebondir en 2014 alors que les perspectives semblent mieux orientées en France et en Europe ? Le gouvernement l\'espère vivement. Sans une reprise de l\'investissement, atteindre l\'objectif pourtant prudent de 0,9% de croissance annuelle peut s\'avérer compliqué. Le crédit d\'impôt pour la compétitivité et l\'emploi (CICE) monte certes en puissance mais il permet surtout aux entreprises de regonfler leur trésorerie plutôt qu\'à moderniser leur appareil de production.L\'attentisme des chefs d\'entreprises« Nous observons que les chefs d\'entreprise restent encore très attentistes et circonspects. L\'environnement reste volatile et les incessants changements du cadre fiscal n\'améliorent pas les choses. En quelques jours, le nouvel impôt sur l\'excédent brut d\'exploitation [EBE] est devenu un impôt sur l\'excédent net d\'exploitation afin justement de ne pas pénaliser l\'investissement.  Et en dépit de ce que dit le gouvernement, le CICE est ressenti comme quelque chose de complexe. On est loin du choc de simplicité promis », explique sur son blog Philippe Waechter, le directeur des études économiques chez Natixis Asset ManagementL\'enjeu de 2014« Sans reprise de l\'investissement, il y a un vrai risque que le cycle économique ne s\'accélère pas. Les entreprises ont réduit leurs coûts et ajusté l\'emploi, elles retrouvent des marges et les incertitudes européennes se sont en bonne partie estompées. cela crée des opportunités, comme l\'illustre le début d\'amélioration de l\'Espagne. Mais il faut que cela se confirme avec l\'investissement, sinon on n\'arrivera pas à doper cette croissance indispensable pour se remettre à créer des emplois. Le retour de l\'investissement, c\'est le grand enjeu de 2014 », poursuit l\'économiste.Un projet de loi de finances très attenduAu regard de ces éléments, que peut faire le gouvernement, qui vise une progression de 1,5% de l\'investissement des entreprises en 2014  ? Il ne peut pas faire grand-chose pour dynamiser l\'économie de la zone euro qui absorbe près des deux tiers des exportations tricolores.En revanche, il peut adresser quelques signaux positifs aux entreprises. Or, s\'il a beau tenir la promesse élyséenne de ne pas toucher aux dispositifs de soutien aux entreprises (crédit impôt recherche, ISF PME, Madelin, jeunes entreprises innovantes…), la création de la taxe sur l\'EBE serait un mauvais signal pour les entreprises.Même si ce nouvel impôt concerne surtout les 4.600 ETI et les 185 grands groupes recensés en France. L\'examen par le Parlement du projet de loi de finances 2014 est donc très attendu par le patronat.Les petits gagnants et les grands perdants de la taxe sur l\'EBE« La contribution sur l\'EBE représente en moyenne 0,23% de la valeur ajoutée de l\'ensemble des branches marchandes. Son impact varie fortement selon les branches. Les plus affectées seraient les secteurs de l\'énergie et des télécommunications, avec des montants équivalents à 0,7% et 0,6 % de leur valeur ajoutée respective. Les secteurs manufacturiers les plus touchés seraient la cokéfaction- raffinage et l\'industrie chimique, avec des montants de contribution équivalents à 0,5 % et 0,4 % de leur valeur ajoutée respective. La caractéristique commune à ces quatre secteurs est qu\'ils présentent une forte intensité capitalistique. Les secteurs les moins touchés, au regard de leur valeur ajoutée, seraient notamment le secteur de l\'automobile et la construction pour lesquels l\'EBE et les marges sont relativement faibles », estime Pascale Scapecchi au COE-Rexecode.Les entreprises allemandes prévoient d\'investir massivement en 2014A titre de comparaison, après que celui-ci ait reculé de 2,2% en 2013, le gouvernement allemand vise une progression de 5,6% de l\'investissement des entreprises en 2014. C\'est une autre forme de reprise.   
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