Conséquences sonnantes et trébuchantes

Les 195 casinos de France pourront, à compter de la nouvelle loi, accéder à Internet. Mais cette victoire a un goût amer. Car les casinos ne peuvent pas décliner sur le Net les jeux qu'ils exploitent dans leurs salles. Blackjack, roulettes, machines à sous resteront interdits en ligne. Les casinotiers, dont la notoriété est infime sur le Net, y compris pour les majors du secteur que sont Partouche, Barrière, Tranchant ou Joa Groupe, ne pourront user de leur savoir-faire que sur le poker, sans en avoir l'exclusivité. De plus, nombre de casinos sont financièrement affaiblis, à l'image du groupe Partouche qui négocie depuis des mois un rééchelonnement de sa dette avec ses banquiers. Or, la capacité à mobiliser d'importants budgets de communication sera déterminante pour se faire une place sur le Net. Les casinos sont confrontés à une chute de près de 20 % de leur activité en deux ans (contrôles d'identité aux entrées, interdiction de fumer? et crise). Seul avantage, ils sont les seuls à pouvoir accueillir des tournois de poker payants. Du coup, Mangas Capital (BetClic) est entré au capital de la Société des Bains de Mers de Monaco et la Française des Jeux est en négociations avec le groupe Barrière.Les PMU va perdre son monopole sur les paris hippiques sur Internet, mais conservera le monopole des prises de paris chez les détaillants. L'opérateur, contrôlé par les sociétés de courses, devrait donc durablement conserver une longueur d'avance grâce à son ancienneté, à sa notoriété, à son savoir-faire sur le Net. Le PMU exploite depuis des années un site à ses couleurs, qui a réalisé 540 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2008, soit près de 6 % de son activité. L'opérateur hippique a nommé en mai 2009 un nouveau président, Philippe Germont, ancien de SFR et Atos Origin, qui ne connaît rien au monde du cheval, mais est expert en nouvelles technologies. Reste qu'au sein des sociétés de courses, certains redoutent qu'en diversifiant son offre vers les paris sportifs, le PMU détourne ses propres clients des paris hippiques. L'ajout du poker aux activités du PMU fait ainsi débat en interne.La Française des Jeux n'a rien à perdre et tout à gagner dans l'évolution de la loi. Son monopole sur les loteries et les jeux de tirage est maintenu puisque les jeux de hasard ne seront pas autorisés sur Internet. En revanche, l'opérateur va pouvoir accentuer la diversification de son offre vers le poker et les paris sportifs. La Française des Jeux n'a d'ailleurs pas eu besoin d'attendre la future loi. Elle propose déjà, chez les détaillants et sur son site, des paris sur le football au travers de son jeux Cote & Match. La société est convaincue que sa forte notoriété rassurera les joueurs en ligne. La seule incertitude concerne l'arrivée à échéance du mandat de son actuel président, Christophe Blanchard-Dignac. Il a toutes les chances d'être confirmé dans ses fonctions lors du prochain conseil d'administration qui se tiendra mi-octobre.Selon le ministre du budget éric Woerth, une cinquantaine d'opérateurs devraient être légalisés. BetClic (Mangas Gaming, le groupe de Stéphane Courbit), Unibet et autre Bwin sont dans les starting-blocks. Ces trois-là, déjà bien implantés à l'étranger, ont démarré l'activité en France. Le plus gros d'entre eux, Bwin, créé en 1997, est coté à Vienne depuis 2000. Doté d'un effectif de 1.400 employés, dont 700 ingénieurs, il devrait générer un chiffre d'affaires de 400 à 450 millions d'euros cette année pour un résultat brut d'exploitation de 100 millions d'euros. Très attendu aussi, Eurosportbet, le site de paris sportifs d'Eurosport, la chaîne 100 % TF1 qui vise 200 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 2013. Le site préfère attendre l'ouverture du marché pour se lancer. Il compte sur le beau portefeuille de droits sportifs que possèdent TF1 et Eurosport. Tous se plaignent de la niveau de fiscalité prévu par le gouvernement. Ce qui ne les empêchent pas de vouloir se lancer légalement sur le marché français. Derrière ces mastodontes, une foultitude de petits acteurs prend position. Certains rêvent déjà d'un repreneur. A l'image de Zeturf, le site de paris hippiques, qui officie illégalement depuis plusieurs années. D'ores et déjà, on sait que seuls les 4 ou 5 acteurs tireront leur épingle du jeu.Sandrine Cassini et Héléna Dupuy
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