Manuel Valls, jusqu'où ?

Manuel Valls fut le Ministre le plus médiatique de l\'été. Entre Bretigny, Trappes, l\'intimité des vacances en famille, le Ministre fut à l\'œuvre. Fer de lance auto positionné d\'un Gouvernement en villégiatures contrôlées.Valls voulait montrer, tout au long de ce feuilleton estival, qu\'il décide, agit et n\'hésite pas à dire sa vérité, qu\'elle plaise ou non, tout en revendiquant une totale et fidèle appartenance au Gouvernment. Là même où il pioche pourtant ses meilleurs « ennemis ». Christine Taubira, Cécile Duflot symboles féminins de l\'ouverture du Parti Socialiste aux autres familles de la gauche. Pas de guerre interne mais une vraie guerilla installée depuis des semaines, qui crée des points de repères politiques et aussi de valorisation médiatique.Exploiter la pratique présidentielleComme d\'autres, plus que d\'autres peut-être, Manuel Valls exploite la pratique présidentielle de François Hollande. Sur le terrain national, le Président se comporte comme un chef assumé d\'une polyphonie. L\'objectif semble être de ne déplaire à personne et surtout pas en période de préparation de la campagne des municipales. Manuel Valls profite aussi de l\'autorité faible, désormais authentifiée, du premier ministre Jean-Marc Ayrault qui gouverne en empilant débats et concertations.Un Manuel Valls populaire, qui mobilise de la confianceManuel Valls est populaire. Il veut le rester. Il collectionne les sondages d\'opinions favorables. Et ses prises de positions sur les grands enjeux en titre de son ministère mais aussi sur ceux qui croisent les compétences régaliennes d\'autres ministères, en particulier celui de la Justice, sont régulièrement très populaires et partagées par une majorité de nos concitoyens.Une popularité qui se maintient malgré des résultats, notamment en matière de délinquance, qui tardent à s\'affirmer et une actualité dominée par la multiplication des faits divers qui renforcent le sentiment d\'insécurité, Manuel Valls fait régulièrement grimper sa part d\'audience politique et médiatique personnelle. Il semble mobiliser ce qui manque à l\'Elysée et Matignon : de la confiance. Enfin Manuel Valls provoque l\'agacement de nombreux de ses pairs et concurrents du paysage politique et notamment de celles et ceux qui pensent à la Présidence. On retrouve là certains traits de parcours et de stratégie de l\'un de ses prédécesseurs récents Place Beauvau, Nicolas Sarkozy.Perturber l\'UMPIl est vrai que comme tous les Ministres de l\'Intérieur, Manuel Valls ne se trouve pas en responsabilité ni des chiffres du chômage, ni des taux de la fiscalité, encore moins de l\'évolution du pouvoir d\'achat, il n\'envoie personne faire la guerre, … autant de secteurs d\'une géographie gouvernementale qui disqualifient le plus souvent leurs ministres, même les plus ambitieux.Il peut compter au sein de son parti, à travers le pays, sur les relais des élus locaux socialistes qui veulent unanimement de l\'action et des résultats en matière de sécurité des personnes et des biens.Au delà, Manuel Valls perturbe la performance de l\'opposition, en particulier celle d\'une UMP pas si homogène que ça sur les enjeux ou sujets de compétence de la Place Beauvau et qui pourtant devrait profiter des combats internes au Gouvernement et surtout du mécontentement populaire sur le terrain de la sécurité. Même le Front National et sa présidente semblent, sinon en difficulté, en attente de l\'opportunité d\'une prise solide à exploiter dans la garde de Manuel Valls. Une situation qui tarde à se présenter.Quelle suite?Reste à entrevoir quelle suite les prochaines joutes et évolutions gouvernementales à venir vont proposer au Ministre de l\'intérieur ? Jusqu\'où Manuel Valls pourra mener son ambitieuse barque personnelle ? Ce qui est certain c\'est qu\'Il ne peut en rester là et se fondre en douceur dans un collectif même renouvelé. C\'est trop tard, ce serait dommage. L\'exil sur un Aventin n\'est pas crédible. Un autre Ministère ? Bercy ? Matignon ? Finalement c\'est encore François Hollande qui tient les clés de ce destin en devenir. *Professeur associé à l\'Université de Paris 1 la Sorbonne, Président de j c g a, membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals
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