« Cet accord offre à l'Europe un tremplin pour l'Asie »

Jong-hoon kim est ministre du Commerce de Corée du SudLa Corée et l'Europe ont signé mercredi un accord de libre échange (ALE). Criez-vous victoire ?Pour l'Europe, l'ALE conclu avec la Corée est le premier signé avec un pays asiatique. Il offre aux 27 un tremplin vers le reste de l'Asie qui est devenue la locomotive de l'économie mondiale après la grave crise qu'a traversée le monde l'an passé. Ma conviction est que cet accord, qui entrera en vigueur le 1er juillet, est équilibré pour les deux parties. Même dans le domaine de l'automobile qui a suscité l'inquiétude de l'Italie. Je note d'ailleurs que l'Italie enregistre un excédent commercial bilatéral avec la Corée. Dans le domaine des services comme les télécoms, le conseil juridique, le traitement des eaux, des déchets, l'Europe a des points forts. Nous disons « bienvenu aux services européens chez nous ».Ici, certains doutent que l'emploi européen bénéficie de cet accord ?L'accord de libre-échange va renforcer la croissance et l'emploi. Je connais les craintes des Occidentaux qui voient que la reprise économique ne s'accompagne pas de fortes créations d'emplois. Mais vous imaginez quelles seraient les conséquences sur le marché du travail si la croissance et le commerce international étaient encore plus faibles qu'ils ne le sont ? Si l'emploi n'est pas au rendez-vous, ce n'est pas à cause du libre-échange mais à cause de l'automatisation des usines et des délocalisations opérées par les entreprises en quête de main-d'oeuvre bon marché.La Corée est?elle inquiète pour ses emplois ?Moins qu'en Europe. Notre taux de chômage a doublé à environ 7 % en quelques années. Aujourd'hui, l'emploi se situe dans les pays où la main-d'oeuvre est bon marché et suffisamment qualifiée. Pour créer des emplois, le gouvernement coréen mise sur les technologies de l'information et des télécommunications, sur les biotechnologies, la nanotechnologie et sur l'économie verte. Nous essayons aussi de stimuler l'esprit d'entreprise parmi les jeunes. Séoul a conclu en 2007 un ALE avec les États-Unis. Est-il toujours bloqué au Congrès américain ?Depuis que l'ALE a été conclu avec les États-Unis, il y a eu un changement de gouvernement chez eux et chez nous. Puis la crise a éclaté. Dès que le Congrès américain manifestera l'intention d'approuver notre accord de libre-échange, notre Parlement reprendra son propre processus d'approbation. Mais il y a aux États-Unis l'élection de « mid term ». Et certains démocrates semblent douter que le libre-échange soit bon pour l'économie américaine.La puissance économique de la Chine vous inquiète-t-elle ?La puissance de la Chine comporte des risques mais elle nous offre aussi des opportunités. La Chine est notre plus important partenaire commercial. Elle s'est mise à importer nos produits. Nous avons commencé le mois dernier à explorer avec la Chine la possibilité de négocier un accord de libre-échange. Le développement des échanges économiques est souvent un bon moyen pour resserrer les liens entre deux pays. Je ne sais pas combien de temps nos discussions vont durer. Le fondement du libre-échange, c'est la démocratie, les droits de l'homme et l'économie de marché. Propos recueillis par Laurent Chemineau, à bruxelle
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