Les investisseurs sont-ils paraskevidékatriaphobes  ?

C'est le rappel d'événements inscrits dans notre histoire qui façonne notre conscience collective. Par exemple, dans les croyances religieuses, vendredi et le nombre 13 sont synonymes de malchance : 13 à table lors du dernier repas de Jésus-Christ, un vendredi, jour de sa crucifixion, Caïn tua son frère Abel un vendredi, le Diable tenta Adam et Eve un vendredi? Dans les mythologies grecque et romaine, le nombre 13 est porteur de malheur alors que le 12 est le nombre parfait.anomalies boursièresSur les places financières, le vendredi 13 offre des performances légèrement supérieures à celles d'un autre vendredi : 0,09 % contre 0,06 % pour le CAC 40 ; 0,13 % contre 0,06 % pour le Footsie de Londres ; 0,05 % contre 0 % pour le Dow Jones. Malheureusement ces écarts ne sont pas significatifs pour conclure que c'est un jour de chance en Bourse. Pour autant, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'anomalies boursières ? des jours de chance ? et que les marchés sont parfaitement efficients comme l'enseigne la doctrine financière.La genèse de ce principe, adopté par les cercles financiers à la fin des années 1950, est à mettre au crédit d'un mathématicien français ? Louis Bachelier ? qui, en 1900, établit que « les événements passés, présents et ceux anticipés sont inclus dans le prix du march頻. En concluant ainsi, Bachelier signifie que les marchés sont imprévisibles. Dans les années 1930, quelques universitaires américains viennent conforter cette hypothèse en montrant que les cours des actions américaines fluctuent de façon aléatoire. Ces recherches prennent de l'ampleur au début des années 1950, avec l'avènement des premiers ordinateurs. Les résultats sont sans appel : il est impossible de prévoir l'orientation des cours d'un titre et de battre le marché à long terme.Au milieu des années 1960, le caractère aléatoire des fluctuations des cours est définitivement établi. En 1970, Fama, économiste américain, propose une théorie stipulant qu'il est impossible de tirer profit d'une information implicitement contenue dans les cours passés, dans le cours actuel ou connue de tous les investisseurs. Les années 1970 viennent prouver la valeur de cette théorie : les cours passés ne préjugent pas des cours à venir, donc les analystes techniques ont peu d'espoir de surperformer le marché à long terme ; le marché s'ajuste rapidement pour donner un juste prix après l'arrivée d'une information, donc les variations de cours sont dictées par le flux d'informations et les investisseurs avisés ne battent pas le marché à long terme. Donc inutile d'être un fin stratège pour être un grand gérant ou un bon boursicoteur.Cette dernière affirmation est néanmoins mise en doute au milieu des années 1980 par la découverte de nombreuses anomalies de marché que l'investisseur peut exploiter pour en retirer un profit « anormal » en regard de la théorie et donc battre le marché.S'il n'est pas très intéressant d'investir un vendredi 13, tentez en revanche les vendredis des quatre premiers jours du mois, ils font partis des meilleurs jours de hausse de l'année. Deux hypothèses pour tenter de l'expliquer : l'effet week-end marqué par l'euphorie des investisseurs à la veille d'un jour de repos et la tendance haussière de début de mois. Pourquoi les marchés seraient-ils efficients alors que le comportement des investisseurs, encore mal compris, est loin d'être rationnel ? n(*) Directeur du master salle de marché, trading et gestion d'actifs à l'Inseec.
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