C'est en 1997 que la planète s'est dotée à Kyoto de la prem...

Kyoto : un premier pas timideVoilà douze ans déjà que le monde s'échine à lutter contre le réchauffement de la planète. Selon les scientifiques, l'urgence est grande. La température pourrait gagner jusqu'à 6,4° C d'ici à la fin du siècle si l'humanité ne réduit pas à temps ses émissions de gaz à effet de serre (Ges). Faute d'y parvenir, les événements climatiques extrêmes pourraient se multiplier et avec eux les désastres écologiques. En 1997, à Kyoto, la ville des philosophes et des monastères, près de 190 pays sont parvenus à sceller le premier accord de l'histoire destiné à « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui permettra d'éviter des interférences anthropogéniques dangereuses avec le système climatique ». Le protocole de Kyoto était né.Rien ne serait arrivé sans le sommet de la Terre à Rio en 1992. Cet autre rendez-vous planétaire s'est tenu lui-aussi sous l'égide de l'ONU afin de prendre la mesure des grands défis environnementaux. C'est là que la Convention cadre de l'ONU sur les changements climatiques (Ccnucc), qui encourageait les pays à réagir face au réchauffement, a été portée sur les fonts baptismaux. Un virage dans les relations Nord-Sud car cette convention a posé le principe des « responsabilités communes mais différenciées », qui reconnaît aux pays en voie de développement (PED) le droit de poursuivre leur rattrapage économique, fut-ce au prix de la hausse (temporaire) de leurs émissions de CO2. Et fait des pays riches, qui ont accompli les premiers leur révolution industrielle, les responsables des gaz à effet de serre déjà émis dans l'atmosphère. Mais pour passer à l'action concrète, il manquait à la communauté internationale un traité juridique contraignant chiffrant les objectifs de réduction des émissions de GES. D'où le Protocole de Kyoto dont les négociations n'ont en réalité abouti qu'à Marrakech en 2001. Lorsqu'il entre enfin en vigueur, en 2005, le Protocole place 37 pays industrialisés dans l'obligation de réduire leurs émissions de GES de 5,2 % en moyenne d'ici à 2012, par rapport au niveau de 1990. Les pays en développement en sont dispensés. Des systèmes d'estimation des émissions anthropiques sont mis en place, avec à la clé des sanctions. Blocus américainRestait à donner un prix aux émissions de CO2 pour en finir avec la pollution en toute impunité. « Lors des discussions, l'Europe considérait que le fardeau de la réduction des émissions devait être assumé par les politiques publiques, c'est-à-dire concrètement des taxes sur les émissions, et non par un grand marché des quotas de CO2 comme le souhaitaient les Américains », explique Corinne Lepage, à l'époque ministre français de l'Environnement. « Ce n'est que pour arracher la signature des états-Unis que l'Europe a accepté l'idée d'un grand marché des quotas d'émission », dit-elle. Washington voulait reproduire l'expérience de la lutte contre le dioxyde de soufre responsable des pluies acides. à deux ans de l'expiration de la première phase du protocole de Kyoto, en 2012, le moins que l'on puisse dire est que son bilan est mitigé. Sa portée a été considérablement limitée par le refus des états-Unis, qui représentent un quart des émissions de CO2, de le ratifier. Il a laissé de côté les rejets des transports aériens et maritimes. Non seulement son objectif est peu ambitieux, mais il a peu de chance d'être atteint par tous. De nombreux pays ont pulvérisé leur plafond. Certains achètent des permis à haute dose pour corriger le tir, sans chercher à rendre leur appareil industriel sobre en carbone. Les 37 pays industrialisés ayant ratifié le protocole ont augmenté leurs émissions de 0,1 % entre 2006 et 2007. Ce chiffre porte à 16 % la baisse par rapport à 1990. Mais ce résultat a été obtenu grâce à la chute des rejets des pays de l'Est. Sans eux, ces pays industrialisés ont en fait augmenté leurs émissions de 11 % par rapport à 1990. Le choix de cette date de référence a octroyé aux anciens pays communistes une avance considérable sur leurs objectifs du fait de l'effondrement de l'économie du bloc soviétique. Ces pays détiennent une grande quantité de permis d'émission dangereuse pour l'efficacité de tout le système. Enfin, le protocole de Kyoto a négligé la notion d'adaptation au réchauffement qui fait déjà ressentir ses effets dans les pays du Sud. Lucides, les délégations avaient prévenu que le traité ne constituait qu'un premier pas et que le niveau des exigences devra être relevé après 2012. C'est tout l'enjeu de Copenhague.
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