Professeur à l'université Paris Diderot, directeur de l'In...

Professeur à l'université Paris Diderot, directeur de l'Institut de physique du globe de Paris.Vincent CourtillotIl est extrêmement difficile de dénouer les fils d'un débat où les amalgames sont trop fréquents et où la réflexion scientifique se heurte très vite à la décision politique ou à la conviction citoyenne. Il existe tout d'abord une vraie difficulté pour définir et mesurer suffisamment précisément la température globale de la planète. Certes le réchauffement climatique au cours du XXe siècle est incontestable, mais il n'a ni la même signature ni la même amplitude selon la région observée. Et ce réchauffement n'est pas exceptionnel à l'échelle du dernier millénaire. Ensuite, on n'observe pas de corrélation évidente entre hausse des émissions de CO2 (qui sont très bien mesurées et certainement dues à l'homme) et évolution de la température qui, par exemple, décroît de 1940 à 1970 alors que le CO2 accélère. En revanche, nos travaux montrent que de nombreux indicateurs climatiques sont bien corrélés aux variations de l'activité solaire. La climatologie est une science très récente, fondée sur des données et des modèles encore imparfaits. Ce que le grand public et les politiques en entendent repose aujourd'hui sur la notion de consensus. Mais quelles grandes avancées scientifiques sont nées de la seule expression d'un vote majoritaire ? Aucune. Je ne reproche au GIEC [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, Ndlr], ni ses travaux, ni ses hypothèses, mais l'affirmation que les prédictions de leurs modèles numériques sont sûres à 90 % ! Il existe encore trop d'incertitudes. Des travaux récents suggèrent que l'influence du gaz carbonique a été surestimée et celle du soleil sous-estimée. Le rôle des nuages ou des rayons cosmiques sur le climat est sans doute encore sous-évalué. Le rapport 2007 du GIEC ne prévoyait pas la légère baisse des températures observée depuis dix ans. Il m'apparaît donc étonnant de fonder des décisions politiques aux conséquences si drastiques à partir de théories qui ne sont pas plus sûres.
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