Colette Neuville demande des comptes à l'AMF sur le projet de holding d'Hermès

Dans la bataille médiatico-boursière qui l'oppose à Hermès, LVMH a trouvé une nouvelle alliée en la personne de Colette Neuville. La présidente de l'association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM) demande des explications après l'annonce, ce dimanche, par Hermès de la création d'un holding non coté (« La Tribune » du 06/12/10) représentant plus de 50 % d'Hermès Internationalational. Elle enverra pour cela, dès ce mardi, un courrier à l'Autorité des marchés financiers (AMF). « Hermès et LVMH jouent un jeu à deux sans prêter attention aux 10 % d'actionnaires restants au flottant », s'insurge-t-elle. Selon elle, la constitution de ce holding, alors qu'aucun héritier ne détient plus de 5 % du capital, entraîne de fait le franchissement de seuil des 33 %, ce qui oblige la famille à lancer une OPA sur la totalité de l'entreprise. DérogationMais Hermès demande une dérogation à l'AMF et semble confiante de l'obtenir. « Nous sommes extrêmement sereins car il n'y a pas de changement de contrôle ni de gouvernance », explique une porte-parole du groupe. La dérogation pourrait être accordée dès le 15 décembre prochain. Pour Colette Neuville, cette forme d'entente préalable avec l'AMF ne respecte aucune règle. « Les actionnaires d'Hermès font semblant de confondre le contrôle politique qu'ils exercent sur l'entreprise via la commandite et le contrôle économique qu'ils n'ont pas et qu'ils proclamaient jusqu'ici ne pas avoir », explique-t-elle à « La Tribune ». Selon elle, le communiqué d'Hermès est très imprécis sur la date de création du holding et le nombre d'héritiers qui y prendraient part. « Nous ne donnerons des précisions qu'après l'accord de l'AMF car Bernard Arnault lit les journaux », rétorque-t-on chez Hermès. Enfin, derrière cette annonce, qui a eu pour effet de faire chuter le titre (? 9,33 % vendredi, ? 0,5 % lundi), Colette Neuville dénonce une forme de « manipulation de cours » très préjudiciable aux actionnaires minoritaires, tels que les fonds qui seront obligés de sortir d'une société ainsi contrôlée. De son côté, LVMH préfère jouer la carte du silence officiel. Le leader mondial du luxe peut toujours « s'attaquer » aux 23 % d'actions correspondant à la différence entre les 73,4 % détenus par la famille et les 50 % environ entrant dans le holding, mais aussi aux 10 % du flottant. Certes, la famille aurait désormais un droit de préférence sur les actions revendues mais celui-ci est moins contraignant qu'un droit de préemption. Et Bernard Arnault reste le seul à pouvoir racheter des actions sans compter.
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