La France sanctionnée sur sa gestion de la crise

Nicolas Sarkozy souhaitait initialement officialiser sa candidature à la présidentielle en janvier sur le thème de l'éducation. S&P lui a trouvé un nouveau credo moins grand public : reconquérir ou conserver le triple A de la France. Alors que le chef de l'État s'est jusqu'ici évertué à se montrer comme le seul garant du maintien de cette notation grâce à sa gestion de la crise, en cas de « rétrogradation », il pourrait retourner la situation en se présentant cette fois, face à des Français qui estiment à 54 % que la perte du triple A serait « grave » selon un sondage Ipsos pour « Le Monde », comme le seul capable de remonter la pente.Or, c'est justement la gestion de la crise et son environnement politique « compliqué » qu'a sanctionnés en particulier S&P en menaçant de rétrograder la France de deux crans. Les résultats des plans de rigueur, arrivés trop tard, auraient été surestimés et les moteurs de croissance oubliés. « Ce que sanctionne S&P, c'est la trajectoire de croissance à moyen terme. Les plans de rigueur ne peuvent pas être une politique économique », estime Éric Heyer, économiste à l'OFCE, qui table sur un recul du PIB de 0,2 % en 2012, ce qui implique un déficit public ramené à 5,3 % du PIB. Bien loin donc des 4,5 % visés par le gouvernement, malgré les 17,4 milliards d'euros d'économies prévus par ses deux plans de rigueur. « Notre priorité est une réponse au niveau de la zone euro pour rétablir la confiance. Notre budget 2012 est bâti sur une hypothèse de 1 % de croissance mais nous pouvons tenir jusqu'à 0,4-0,5 % grâce à notre réserve de 6 milliards », réaffirme-t-on à Bercy, renvoyant les critiques de gouvernance à l'adoption de la règle d'or.Alors, quelle stratégie adopter sans tuer la croissance ? Fitch, qui soutient le AAA de la France, estime ainsi que la « capacité du pays à absorber d'autres chocs est largement épuisée ». Pour Nicolas Bouzou, du cabinet Astérès, « il faut non plus aligner les plans de rigueur mais prendre des mesures quant à la solvabilisation de notre État, comme en Italie ». Ce qui implique de prendre des mesures structurelles.En attendant, même si la question de la propre responsabilité des agences de notation se pose, souligne Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas, cet avertissement est un cadeau empoisonné pour le candidat socialiste à la présidentielle. François Hollande l'a dit et redit : son projet économique devra s'adapter à la situation du pays et, notamment, à l'évolution du PIB. C'est d'ailleurs actuellement tout le travail confié à Laurent Fabius : définir ce que seront les priorités d'un éventuel gouvernement de gauche la première année de la législature. Une chose est certaine, l'objectif du projet socialiste, voté en mai dernier et basé sur une hypothèse de croissance de 2,5 %, sera irréalisable en début de quinquennat. Clarisse Jay avec Jean-Christophe Chanut
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