Château Gloria

VinAvec son étiquette jaune et ses anges sonnant trompette, le Château Gloria est une marque connue dans le monde entier, plus connue peut-être que certains crus classés. Or le Château Gloria n'est pas classé pour la bonne raison qu'il n'existait par en 1855. Il est né en 1939, grâce à Henri Martin, un tonnelier qui achète 6.000 pieds de vigne autour de sa maison familiale, dans l'appellation saint-julien. Peu à peu, parcelle par parcelle, il va se constituer un beau domaine, parfois en rachetant des vignes à des voisins prestigieux.Pour vous donner une idée de la qualité de ces parcelles, sachez que les vignerons les désignent par les lieux-dits. « Aujourd'hui, je vais travailler à Barton, puis à Batailley », peut-on entendre, quand ce n'est pas « je te rejoins à Caillou [Ducru-Beaucaillou] ou à Poyferr頻. Le domaine a maintenant une superficie de 44 hectares répartis sur trois zones : au centre de Beychevelle, à l'ouest et au nord de l'appellation et à la limite de Pauillac.En 1973, Henri Martin prend son gendre, Jean-Louis Triaud, dans l'affaire. Les débuts sont difficiles. Le choc pétrolier a asséché le marché. Jean-Louis Triaud se désespère de voir s'empiler les bouteilles dans les chais. Son beau-père le rassure : « Gloria s'est toujours vendu.» Et il a raison. Trois ans plus tard, tout est vendu.vinification plus préciseDepuis les années 1970, le métier de viticulteur a légèrement évolué. « Pendant longtemps on a attribué tous les mérites au maître de chais, précise Jean-Louis Triaud. Les raisins arrivaient aux chais et il se débrouillait pour faire de bons vins. Aujourd'hui, on a pris conscience que si on veut faire de grands vins il faut d'abord amener de grands raisins. La vinification n'a pas trop évolué mais elle est plus précise. On dispose d'outils qui nous permettent d'être plus performants. En revanche, la culture de la vigne a beaucoup changé. » Et de prendre l'exemple d'un Anglais qui cultive avec amour un rosier devant son « home sweet home ». « À partir des années 1990, nous avons décidé d'apporter à nos vignes le même soin que les Anglais apportent à leurs rosiers », précise Jean-Louis Triaud. Son meilleur souvenir reste le millésime 2000, grâce « aux conditions climatiques exceptionnelles et parce qu'on a senti que nous maîtrisions parfaitement notre travail ».L'encépagement est constitué à majorité de cabernet sauvignon (65 %), de merlot (25 %), de cabernet franc (5 %) et de petit verdot (5 %). En fonction des millésimes, le directeur technique Rémi Di Costanzo module les proportions mais n'utilise pas trop de barriques neuves pour éviter de trop boiser le vin. Le résultat est plutôt réussi. Gloria est un vin qui déçoit rarement. Surtout dans les années du nouveau millénaire : 2004, long et suave, peut être bu ; 2005, semble un peu recroquevillé mais possède un très beau potentiel, avec beaucoup de fruit ; 2006, équilibré et frais, avec des fruits un peu confiturés, sera parfait dans deux à trois ans. Et si vous trouvez des 1989 dans une vente aux enchères, n'hésitez pas., ils sont délicieux. n
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