La BCE a augmenté ses achats d'obligations souveraines

C'était le chiffre le plus attendu de la semaine, du moins en Europe avec l'aggravation de la crise de la dette souveraine: le montant des titres de dette publique des Etats de la zone euro en détresse achetés la semaine dernière par la Banque centrale européenne (BCE). Comme à l'accoutumé, le chiffre est tombé hier lundi, totalisant 1,965 milliard d'euros. Ce qui porte à 69 milliards d'euros le montant global du programme depuis son lancement le 10 mai. C'est beaucoup plus que les 1,348 milliard acquis la semaine précédente et que les 713 millions achetés durant la troisième semaine de novembre, qui avaient signé le retour sur le marché de la BCE, après une absence de trois semaines et des achats anémiques durant l'été. Mais on n'atteint pas encore les montants mis en jeu au lancement du programme, lorsque la BCE acquérait jusqu'à 10 milliards d'euros de titres par semaine. Inflation neutralisée Contrairement à la Réserve fédérale, qui fait tourner la planche à billets, la BCE ne crée pas de monnaie ex nihilo puisqu'elle « stérilise » ses interventions. C'est-à-dire qu'elle en neutralise les effets inflationnistes potentiels en opérant des reprises de liquidités auprès du système bancaire, du même montant que le volume de ses achats de dette. Opération qui ont lieu toutes les semaines, les banques de la zone euro n'ayant jamais rechigné à jouer le jeu. D'entrée de jeu le 10 mai, Trichet avait fixé les règles en déclarant que ce programme ne gonflerait pas le bilan de la BCE et que l'objectif de l'institut d'émission était de calmer les marchés et non de faire de la création monétaire. À ceux qui, jusqu'à la semaine dernière, avançaient que la BCE pourrait annoncer un programme de rachat de dette de l'ordre de 1.000 milliards d'euros - le chiffre circulait dans la presse anglo-saxonne - il convient de souligner une autre évidence qui la différencie de la Fed. Les deux programmes d'assouplissement quantitatif au sens propre du terme mis en place par la Fed la mettent en position d'acquérir les titres les plus convoités du monde. Les emprunts d'Etat américains sont en effet les plus liquides et les plus sécurisés qui soient. La BCE, pour sa part, est contrainte par la crise de la dette souveraine de mettre dans son portefeuille des titres grecs, irlandais, portugais, voire espagnols. Des obligations que les anglo-saxons baptisent « junk bonds », ce qui signifie « pourris ». La BCE n'a donc aucun intérêt à se gaver de ce type d'obligations, dont les banques doivent d'ailleurs se délester avec délectation. Enfin, le traité européen interdit à la BCE d'acheter des titres sur le marché primaire, celui des émissions. Elle acquiert ses obligations sur le marché secondaire, celui de la revente des titres par les banques, ce qui limite sa capacité d'absorption.
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