Bercy revoit les déficits à la baisse et veut les ramener à 3 % en 2013

C'est une première depuis septembre 2008 : la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, s'apprête à revoir à la baisse les prévisions de déficit public du gouvernement. Depuis le début de la crise financière, Bercy ne cessait de franchir des marches à la hausse, intégrant petit à petit les effets sur les finances publiques d'une récession d'une ampleur insoupçonnée. Le 20 janvier, lorsque sera présentée en Conseil des ministres une nouvelle loi de finances rectificative, intégrant le grand emprunt, Christine Lagarde annoncera au contraire que le déficit public n'a pas dépassé les 8 % du PIB en 2009, selon une information révélée par le site Internet de « L'Express ». Le 30 septembre, lors de la présentation du projet de loi de finances 2010, Bercy tablait sur un déficit représentant 8,2 % de la richesse nationale pour l'année 2009. La révision n'est certes pas d'une grande ampleur, mais elle est le signe d'une inversion de tendance, après vingt mois de réévaluation à la hausse. Elle tient notamment à des rentrées d'impôt sur les bénéfices des sociétés légèrement meilleures que prévu (21 milliards d'euros contre 19 milliards évalués en septembre).Selon nos informations, Bercy s'apprête à réviser également à la baisse le déficit prévu pour 2010. Le chiffre retenu serait donc légèrement inférieur aux 8,5 % du PIB annoncés. Une amélioration attendue en dépit de l'impact négatif sur le budget de l'État du grand emprunt : Matignon précisait hier que celui-ci aurait un effet mesuré sur le déficit au sens de Maastricht, car si plusieurs milliards d'euros seront transférés à différentes administrations (universités, etc.), ils ne seront pas dépensés immédiatement.Inflexion rigoristeCes annonces concernant le déficit ne seront que le hors-d'?uvre de la future programmation des finances publiques, qui pariera, fin janvier, sur une baisse à marche forcée des déficits, au cours des années 2011-2013. Le 30 septembre, le gouvernement tablait sur un niveau de déficit équivalent à 5 % du PIB pour 2013. Puis, répondant à la pression bruxelloise, François Fillon s'est engagé sur le chiffre de 3 % pour 2014, signe d'une inflexion rigoriste par rapport au programme annexé au budget. Fin janvier, le gouvernement présentera donc une nouvelle « trajectoire » des finances publiques, intégrant encore plus franchement la contrainte européenne. Si plusieurs scénarios peuvent être envisagés, il est certain que l'un d'entre eux prévoira un atterrissage des déficits à 3 % du PIB en 2013. Même si le gouvernement espère une franche amélioration des rentrées fiscales à compter de 2011, Bercy mise surtout sur la baisse des dépenses publiques, en freinant notamment celles de la Sécurité sociale comme des collectivités locales. Ramener le déficit d'un peu plus de 8 % en 2010 à 3 % en 2013 suppose une austérité d'une ampleur inconnue en France. La crédibilité de cette prévision dépendra bien sûr de l'hypothèse de croissance, plus ou moins délibérément optimiste, retenue pour les années à venir.
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