Où apparaîtra la prochaine bulle ?

Quels sont les candidats vraisemblables pour ces nouvelles bulles ? Si on extrapole les tendances récentes, on voit qu'il s'agit déjà de certaines matières premières, de certains marchés immobiliers ; et que des bulles devraient apparaître dans le futur sur d'autres matières premières et sur les actions des pays émergents. La croissance très rapide de la liquidité condamne le monde à voir réapparaître des bulles spéculatives sur les prix des actifs : les agents économiques (banques, autres agents économiques) reçoivent des liquidités en quantité excessive, et s'en servent pour acheter des actifs ayant des rendements plus élevés (ce qui inclut le crédit dans le cas des banques).C'est ainsi qu'on a déjà vu dans le passé différentes bulles. La bulle sur les actions à la fin des années 1990 était liée d'une part à des achats d'actions par les investisseurs, d'autre part à des acquisitions d'entreprises des nouvelles technologies par d'autres entreprises, d'où la hausse de l'endettement des sociétés. La bulle sur l'immobilier de 2002 à 2007 aux États-Unis, au Royaume-Uni, dans la zone euro en dehors de l'Allemagne, ainsi que celle sur les actifs liés au crédit immobilier (actifs liés à la titrisation), a été associée à l'excès d'endettement des ménages. La bulle sur les prix des matières premières et sur les actions des pays émergents au second semestre 2007 et au premier semestre 2008 était due à la conviction, à cette époque, que la crise des subprimes ne s'étendrait pas aux pays émergents (thèse dite du « decoupling »).La liquidité mondiale continuant à progresser, il est certain qu'il y aura de nouvelles bulles. Où se trouveront-elles ? On voit dès aujourd'hui à nouveau des hausses anormales des prix de certaines matières premières. Il s'agit d'abord des métaux précieux, en particulier de l'or, qui servent de valeurs refuges lorsqu'il y a excès de liquidité. Il s'agit aussi de certains métaux non précieux, dont les hausses de prix depuis l'été 2010 ne peuvent pas être attribuées à la demande physique de ces métaux, qui ralentit. Cela concerne particulièrement le cuivre, l'étain, le sucre, le blé, le maïs, le coton, le café... Il s'agit de certaines matières premières agricoles et textiles, pour lesquelles il faut reconnaître qu'il y a aussi des problèmes d'insuffisance de récoltes. On observe également le redémarrage déjà aujourd'hui des bulles sur les prix de l'immobilier dans quelques pays où le crédit progresse ou recommence à progresser, comme par exemple à Hong Kong, en Chine ou en France.À l'avenir, le plus probable est que des bulles vont apparaître sur les marchés d'actions des pays émergents. Sauf lors des périodes de forte aversion pour le risque (après la faillite de Lehman, lors de la crise grecque en mai 2010, en novembre 2010 avec les inquiétudes sur l'Irlande), l'excès de liquidité dans les pays de l'OCDE conduit à des flux de capitaux très importants vers les pays émergents, qui se portent surtout sur les actions. Cela explique la hausse forte des cours boursiers dans les pays émergents en 2007, au début de 2008, et depuis l'été 2010. Les niveaux encore faibles (14 à 18) des PER sur les marchés boursiers des pays émergents montrent qu'il ne s'agit pas encore d'une bulle, mais, si la création monétaire se poursuit dans les pays de l'OCDE et si les capitaux continuent à se diriger vers les pays émergents, il y aura bien, à terme, une bulle.Empêcher ce phénomène nécessiterait de freiner la liquidité mondiale, ce qui est impossible aujourd'hui avec la volonté farouche des Américains de doper leur économie.
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