Le débat sur l'identité nationale n'est plus de saison

Il était temps d'en finir. » Ce responsable UMP exprime le soulagement de la majorité, à un peu plus d'un mois des élections régionales. Le Premier ministre, François Fillon, réunit ce lundi pendant une heure et demie l'ensemble du gouvernement pour tirer les premières conclusions du débat controversé sur l'identité nationale, lancé le 2 novembre par Éric Besson.La personnalité du ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale ? transfuge du Parti socialiste en pleine campagne présidentielle de 2007 ?, des dérapages racistes et xénophobes et des polémiques à répétition sur la place de l'islam en France ont largement contribué à parasiter le débat, conçu à l'origine comme une arme anti-Front national à l'approche du scrutin des 14 et 21 mars.Signe du malaise, le débat, qui devait être à l'origine conclu vendredi dernier lors d'un grand colloque en présence de Nicolas Sarkozy, est désormais dilué dans le temps. Éric Besson a assuré que l'intervention du chef de l'État était toujours prévue, mais dans un délai et selon des modalités que le ministre a reconnu ignorer. « Un séminaire gouvernemental, c'est un honneur », a souligné le ministre de l'Immigration, qui compte effectuer « un tour de France » après les élections régionales pour « soumettre des propositions à la pédagogie et à la critique ».Parmi les propositions dont le gouvernement va brièvement débattre lors de son séminaire, figurent, notamment, la mise en place d'un service civique pour les jeunes, la valorisation des symboles de la République, la création d'une autorisation de séjour « à points » et d'un « nouveau contrat avec la nation » pour les immigrés.ScepticismeDepuis début novembre, quelque 350 réunions publiques ont été organisées en France et 56.000 contributions ont été enregistrées sur le site dédié du ministère de l'Immigration. Éric Besson s'appuie sur un sondage TNS-Sofres pour défendre son initiative : l'enquête montre que pour 76 % des Français il existe une identité nationale, et que pour 65 % d'entre eux il y a « un affaiblissement » de cette identité. Mais un autre sondage Obea-Intraforces, publié en début de semaine dernière, montrait que 53,4 % des Français jugeaient que le débat était une initiative « électoraliste », et que 63,1 % des personnes interrogées estimaient en outre que les discussions n'avaient pas été « constructives ».Éric Besson a admis vendredi dernier qu'il était difficile de mener ce débat, mais il a voulu nier toute focalisation sur l'immigration ou l'islam, soulignant que « la principale raison donnée par les Français » à l'affaiblissement de l'identité nationale « n'est pas l'immigration, mais la perte des valeurs communes ».Si le débat a été critiqué au sein même de la majorité, notamment par trois anciens Premiers ministres ? Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin ?, ce dernier a permis à la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, de reprendre l'initiative avec une proposition de loi sur le vote des étrangers aux élections locales.
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