Seul contre tous, le maire de la City défend encore la finance

Les décorations très riches et les dorures refaites à neuf des salons de Mansion House visent à impressionner le visiteur. Dans sa résidence tricentenaire au coeur de la City, à Londres, le « Lord Mayor » a besoin de tous les atouts pour faire passer son message. Cette sorte de « maire », élu pour un an, chargé de représenter le secteur financier, a un rôle peu enviable : convaincre des bienfaits de la City. Contrairement à ses prédécesseurs, Nick Anstee, l'actuel « Lord Mayor », ne peut pas compter sur le soutien du gouvernement.cocktail explosifPendant des décennies, le « Square Mile » jouissait d'un soutien politique indéfectible. Mais la crise financière, doublée des élections prévues d'ici quatre mois, a changé la donne. « Le Premier ministre, Gordon Brown, est en retard dans les sondages, et le ?bankers bashing? (littéralement le ?cassage de banquier?) est une façon pour lui de se rattraper. Quant à David Cameron [le leader des conservateurs, Ndlr], il suit systématiquement les propositions de Brown, afin de limiter les dommages. J'espère juste que cela ira mieux après les élections », témoigne Nick Anstee, dans une interview accordée à un groupe de journalistes étrangers, dont « La Tribune ». En attendant, il craint les dégâts infligés à la City. La taxe de 50 % sur les bonus au-dessus de 25.000 livres (27.500 euros) l'a particulièrement agacé. « Ce n'était pas tant les 50 % qui ont provoqué la colère, mais la succession de plusieurs mesures fiscales », dit-il, faisant notamment référence au taux maximum de l'impôt sur le revenu, porté à 50 % en avril. « Le cocktail est explosif, alors même que les banques font face à un durcissement de la régulation sur leurs fonds propres et la liquidité. »Nick Anstee s'inquiète de ce que la décision ait été « unilatérale » : « Le G20 doit en principe apporter une solution commune aux questions de réglementation. » Que pense-t-il de la décision de Barack Obama, elle aussi unilatérale, d'obliger les banques commerciales à réduire considérablement leurs activités pour compte propre ? « Il faut que New York et Londres soient des partenaires solides, qui travaillent ensemble. Le vrai risque vient de l'Asie car nous allons assister à une migration naturelle des activités de marché vers l'Orient dans les années à venir. »En tant que 682e Lord Mayor de l'histoire (le premier date de l'an 1189), Nick Anstee pense néanmoins que la City se remettra de la crise. « Il est normal que les banques étudient la possibilité de s'établir ailleurs qu'à Londres. Mais à la fin, les raisons pour lesquelles elles sont venues ici demeurent : fuseau horaire à mi-chemin entre l'Asie et l'Amérique, concentration de talents... » Et il ajoute, comme une évidence : « le Royaume-Uni a besoin d'un fort secteur financier : c'est la seule façon de réduire le déficit budgétaire. » Pour lui, c'est la meilleure garantie que le prochain gouvernement, quel qu'il soit, ne s'attaque pas trop durement à la City. Éric Albert, à Londre
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