La Croatie lasse d'attendre d'être le 28e pays de l'UE

À force d'attendre, il semblerait que les Croates n'aient plus envie de rejoindre l'Union européenne (UE). Le pays connaît actuellement de forts mouvements de contestation de milliers de personnes manifestant régulièrement dans les rues de Zagreb pour demander la démission du gouvernement dans ce pays où le chômage approche la barre des 20 %. Mais les manifestants contestent aussi la candidature à l'UE. « J'aime la Croatie. Non à l'UE », peut-on lire sur des pancartes. Certains manifestants sont allés jusqu'à brûler le drapeau européen dans la foulée de celui du parti de centre-droit au pouvoir, le HDZ. Confrontés à une situation économique difficile, les Croates ne perçoivent pas l'Europe comme une issue pour leurs difficultés actuelles. Un sondage publié en novembre révélait que 25 % à peine des sondés estimaient que l'entrée dans l'UE était une bonne chose, laissant présager un référendum sur l'adhésion à risque. Porte « ouverte »La Croatie a entamé les négociations formelles d'adhésion en 2005, six mois avant la Turquie, et détient à ce jour le record de durée pour de telles tractations. Les Croates ont le sentiment qu'on leur demande bien plus d'efforts qu'aux précédents candidats pour rejoindre le Club Europe. À juste titre : la Roumanie et la Bulgarie sont entrées après trois ans et demi de négociations alors qu'elles étaient moins préparées. « Le jour où vous entrerez, vous serez de vrais européens », a déclaré Joseph Daul aux autorités croates. Pour ce patron des eurodéputés du Parti populaire européen (PPE), réunis en congrès à Zagreb, la porte de l'UE leur est « ouverte ». Après le contentieux frontalier avec la Slovénie, déjà membre de l'UE, l'un des derniers défis de la Croatie consiste à réformer sa justice pour mieux lutter contre la corruption et la criminalité organisée. Il faudra également restructurer les chantiers navals vivant de subventions afin de respecter les règles européennes de concurrence. Les Croates espèrent encore pouvoir boucler les négociations en juin et adhérer dès 2012. Mais, en coulisse, les responsables européens, qui doivent tenir compte du manque d'envie des citoyens européens à voir arriver un nouveau pays membre parmi les 27, évoquent plutôt 2014.Yann-Antony Noghès, à Zagre
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