Mon plus mauvais souvenir de la

Au moment où les sondages la donnent perdante au second tour face à une alliance socialistes-Europe Écologie sous la présidence de Jean-Paul Huchon, Valérie Pécresse dénonce comme un cri du coeur la misogynie dont elle aurait été victime. Étonnant argument de la part de celle qui a très largement profité de l'instauration de la parité dans la vie politique en 1999, qui s'est construite une franchise politique sur les questions familiales et qui a signé son premier livre sur la place des femmes en politique, souligne la politologue Catherine Achin. Quand elle se jette dans la bataille des primaires face à Roger Karoutchi, c'est encore sa stature de mère de famille aux prises avec la vie quotidienne qu'elle met en avant, soulignant en creux l'homosexualité de son rival. La féminité qu'elle entend incarner a donc été, pour elle, un véritable accélérateur de carrière.Or, remarque Fabienne Simon, de chez TNS Sofres, contrairement à la présidentielle de 2007, la question du genre a été bien peu prégnante dans la campagne présente. La région est déjà, et ce jusque dans ses organes exécutifs, très féminisée. Et trois listes en compétition (UMP, Europe Écologie et FN) ont des femmes à leur tête, sans que Cécile Duflot, ni Marie-Christine Arnautu ne se plaignent de la misogynie ambiante.Si, souligne Pascale Chapaux-Morelli, la politique est un métier aux mains des hommes qui entendent conserver le pouvoir, aujourd'hui, le problème de Valérie Pécresse semble être ailleurs. Son cri du coeur exprime d'abord son inconfort, et pour tout dire son malaise, dans une campagne très difficile pour elle. D'abord, remarque Fabienne Simon, « ce qui va bien davantage peser sur le scrutin en Île-de-France est sa position de ministre du gouvernement et de membre de la droite parlementaire ».Ensuite, dit le politologue du Cevipof, Bruno Cautrès, « la région, institution à la fois faible et peu visible pour l'électeur, est un échelon ingrat et difficile. Ce ne sera pas la première fois qu'un ministre rate la marche régionale ». En particulier « ce grand territoire contrôlé dans plusieurs départements par la gauche, et avec des dossiers très techniques difficiles à vendre aux électeurs », précise la politologue Frédérique Matonti.Mais si la position nationale de Valérie Pécresse et cette bataille difficile par nature apparaissent être des handicaps, c'est surtout la manière dont elle l'a menée qui l'a mise en difficulté au sein de son propre camp. Car c'est bien de là que viennent les attaques les plus virulentes. La rénovation des listes a laissé des cicatrices. En particulier chez Roger Karoutchi, très engagé pour sa région, mais pas seulement. Les élus locaux de droite lui sont hostiles, comme certaines femmes de son état-major de campagne, signe que son comportement lui-même est bien en cause. Forte de son soutien en plus haut lieu, elle n'a pas cru nécessaire de « jouer collectif », règle d'or pour les scrutins de liste, attaquant même certaines de ses alliées, comme Chantal Jouanno à qui elle a reproché de défendre « la décroissance verte ». Aussi, quand le combat électoral est devenu trop dur, et que son équipe l'a lâchée, c'est à l'Élysée qu'elle est allée chercher un soutien.Seulement, en se posant en victime de la misogynie, elle se met tacitement dans le camp des faibles, décrypte le politologue Éric Fassin. Ce qui, dans un monde défini par les rapports de pouvoir, revient à reconnaître sa fragilisation. Ce cri du coeur sera-t-il un faux pas tactique ?Analyse valérie segond Éditorialiste à « La Tribune »Chaque semaine, « La Tribune » décrypte une phrase ou une citation qui marque un temps fort de l'actualité politique, sociale ou économique.? les réactions de fabienne simon, pascale Chapaux-Morelli, Bruno Cautrès, Frédérique matonti, Catherine Achin et Éric Fassin sur « la tribune » numérique du samedi 6 mars.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.